Ikea France : taupes, comédiens, ex-policiers pour espionner les salariés

 Ikea France : taupes, comédiens, ex-policiers pour espionner les salariés

À partir de ce lundi 22 mars et jusqu’au 2 avril à Versailles, seront jugés un panel de prévenus susceptibles d’être impliqués dans l’affaire d’espionnage illégal d’Ikea France. Ce sont des anciens dirigeants d’Ikea France, le patron d’une société privée de surveillance mais aussi des policiers qui sont accusés d’avoir espionné des salariés de la filiale française du géant suédois de l’ameublement. L’entreprise encourt jusqu’à 3.75 millions d’euros d’amende.

L’affaire, révélée par Le Canard enchaîné et Mediapart, date de 2012. Suite à la plainte déposée par MYassine Yakouti qui établissait que des cadres d’Ikea France avait mis en place des méthodes d’espionnages sur ses employés, l’enquête avait été ouverte par le parquet de Versailles, ébranlant la filiale et entraînant le licenciement de quatre hauts responsables. La plainte mettait en exergue que ces cadres sollicitaient des officines privées et d’anciens policiers pour obtenir des renseignements illégaux, notamment issus du fichier de police STIC (système de traitement des infractions constatées), qui répertorie les auteurs et les victimes d’infractions.

« Système d’espionnage »

Selon les termes du parquet de Versailles, un « système d’espionnage » d’employés et de candidats à l’embauche a été instauré par Ikea France. Selon l’accusation, plusieurs centaines de personnes, dont des syndicalistes, ont ainsi été passées au crible, leurs antécédents judiciaires ou leur train de vie scrupuleusement examinés. D’après l’ordonnance de l’instruction consultée par l’AFP, l’ex-directeur de la gestion des risques d’Ikea France envoyait des listes de personnes « à tester » à des sociétés d’investigation privées auxquelles la filiale allouait un budget de 30.000 à 600.000 euros par an.

Des méthodes d’espionnage surprenantes

La procédure a également révélé des méthodes d’espionnage pour le moins surprenantes. Des taupes se faisant passer pour des salariés ont été embauchés afin de recenser des informations qui auraient pu être utiles à la direction. Généralement, c’était des comédiens, d’anciens policiers ou des espions reconvertis dans le privé.

Face aux 74 parties civiles, les prévenus auront notamment à répondre des chefs de collecte et divulgation illicite d’informations personnelles, violation du secret professionnel ou encore de recel de ces délits, ce qui expose certains d’entre eux à une peine maximale de dix ans d’emprisonnement. En plus de la filiale, 15 personnes seront également jugées dont des directeurs de magasins, des fonctionnaires de police mais aussi l’ex-PDG et son prédécesseur.

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