Paul Séré : « L’humour est lié à un choc culturel ou sociétal »

 Paul Séré : « L’humour est lié à un choc culturel ou sociétal »

crédit photo : Hugo Scialom


Avec ses complices Booder et Wahid Bouzidi (“La Grande Evasion”), l’auteur et réalisateur a réussi son pari de nous faire rire pendant le ramadan avec la série “Ftor’Mania”, diffusée sur YouTube. Elle met en scène une mère, des faux frères jumeaux et les décalages que les interdits du ramadan occasionnent au quotidien. Les dernières représentations de la Grande Evasion auront lieu à la Comédie de Paris jusqu'à la fin du mois de juillet 2018


Comment vous est venue l’idée de “Ftor’Mania” ?


Je souhaitais créer une série humoristique se situant pendant la période du ramadan. Il y a un canevas particulier qui se prête à l’exercice. Un lieu clos, des personnages confinés qui ont un objectif commun sur le plan familial. On ne représente pas assez la famille maghrébine en France, à la télévision, alors que les Franco-Maghrébins ont un sens très affirmé des valeurs qu’elle véhicule. Il n’y a hélas plus de série comme La Famille Ramdam (diffusée dans les années 1990, ndlr), par exemple. Le ramadan oblige les personnages à se retenir et à faire le bien, alors que ce ne sont pas forcément des anges à l’origine. Ces restrictions les obligent à sortir de leur zone de confort. Or, l’humour est toujours lié à un choc culturel ou sociétal. Il faut qu’il y ait une inversion des puissances pour déclencher le rire.


 


En tant que non-musulman, était-ce difficile d’aborder les questions religieuses liées à l’Islam ?


Je ne traite pas de la religion frontalement. Je ne prends pas à la légère le mois du ramadan. Mon objectif était de partir d’une idée communautaire (l’Islam, le ramadan) et d’offrir au public une histoire dans laquelle chacun peut se retrouver. On reçoit d’ailleurs des messages de personnes très différentes qui me confortent sur le caractère universel des messages qu’on a voulu faire passer.


 


Comment se sont déroulées les phases d’écriture et de réalisation de la série ?


J’ai écrit les 30 épisodes. On a fait une lecture avec Booder et Wahid pour affiner et valider les textes, puis j’ai coréalisé et monté la série avec Morade Aïssaoui, un créatif incroyable qui a apporté sa patte artistique. Le tournage a duré à peine trois jours. Il y a trois personnages différents : un petit, un gros qui ne pense qu’à manger et une mère jouée par Tassadit Mandi. Lors du casting, on est tous tombé amoureux d’elle. C’est une vraie tornade avec un humour dévastateur. Au bout de deux phrases, on était sûrs d’avoir trouvé la bonne personne.


 


Vous cartonnez depuis trois ans à la ­Comédie de Paris, aux côtés de Booder et Wahid Bouzidi, avec la pièce humoristique “La Grande Evasion”. Quels sont vos projets futurs ?


La Grande Evasion nous a permis de créer un esprit de troupe génial. On a d’abord écrit un sketch ensemble puis une pièce de théâtre. C’est fabuleux de pouvoir travailler avec des amis, ce qui n’est pas le cas avec le stand-up. Le fait d’être seul face au public est magnifique, mais partager la scène avec deux puissances comiques comme Booder et Wahid, ça décuple la force créatrice. Impossible d’être dépressif avec ces deux-là ! On réfléchit à son adaptation au cinéma. J’ai écrit un scénario qui s’en inspire. Sinon, on rode nos stand-up respectifs et on développe en parallèle un nouveau spectacle sur les planches.


 


LA GRANDE ÉVASION : Jusqu’à la fin juillet (les jeudis, vendredis, samedis et dimanches) à la Comédie de Paris, 42, rue Pierre-Fontaine, Paris IXe.