Odah&Dako : « Dans la vie, tout le monde improvise »

 Odah&Dako : « Dans la vie, tout le monde improvise »

Presse


MAGAZINE NOVEMBRE 2017


Bluffant ! A partir de mots donnés par le public, ils créent en direct une histoire, en rimes et en musique. Ces jeunes virtuoses de l’improvisation ont inventé leur propre concept de spectacle en réunissant leurs deux passions, le rap et l’humour. 


Comment s’est formé votre duo ?


Dako : Au lycée, on faisait de la musique, on improvisait pour rigoler. On avait des prédispositions et des envies plus drôles que sérieuses. De là est né ce mélange. Il y avait un truc à explorer. On a écumé les scènes d’humour, et notre spectacle suscitait un tel engouement qu’on a abandonné nos boulots de commerciaux pour faire ça à temps plein.


 


Quelles qualités faut-il avoir pour improviser ?


Dako : Il faut savoir anticiper, mais surtout être à l’écoute de l’autre. Si Odah part dans une direction, il faut que je le suive, ­sinon je ne suis plus “raccord” ! Il faut aussi faire preuve de vivacité d’esprit pour rebondir sur ce que l’autre dit. Depuis dix ans, on a tellement pratiqué ce “sport” pour s’amuser que nous étions déjà prêts quand il a été question de le faire plus sérieusement.


 


Qu’est-ce qui vous plaît dans cet art ?


Dako : L’échange, l’interaction avec les gens. Créer un morceau de musique ensemble, tout de suite. En général, en ligue d’improvisation, il s’écoule toujours une minute entre les éléments donnés par le public et l’impro. Nous, on a supprimé ce temps, pour être encore plus dans l’instantané.


Odah : On est en création constante. Tous les soirs, on est surpris, on ne sait pas ce qu’il va se passer. Ça donne un show hyper vivant. Il y a un défi. Il n’y a pas ce côté rébarbatif de répéter le même texte, même si certaines parties sont écrites. On casse totalement les barrières avec le public. Et on assume tout : s’il y a un raté, on en joue, on intègre une ­pirouette. Les spectateurs sont bienveillants, donc on évolue en confiance.


 


Que ressentez-vous quand vous improvisez ?


Odah : Les gens pensent qu’on réfléchit beaucoup, alors que c’est plutôt l’inverse. On est constamment sur le fil, hyper réactifs. Si tu te mets à cogiter, tu perds des secondes et tu déconnectes. Nos échanges sont très rapides. Chacun prend la parole toutes les six secondes environ. C’est un mode de pensée immédiat, quasi instinctif.


Dako : Contrairement à nos sketchs, on a rarement de souvenirs de nos impros. C’est un autre état d’esprit.


 


Il y a aussi des parties de stand-up, véritables joutes verbales entre vous deux…


Dako : Le ping-pong verbal, c’est notre marque de fabrique. On essaie de flouter les parties écrites, de sortir du texte, pour donner l’impression que tout est improvisé.


 


Est-ce que ça déborde parfois avec le public ?


Dako : Oui, mais on adore, car ce sont les situations qui prêtent le plus à rire !


Odah : Il faut maintenir l’équilibre subtil entre cette liberté donnée au public d’être force de proposition, en totale création, et en même temps ne pas être dépassés, garder le contrôle.


 


“Dans la vie on peut tout prévoir, mais en cas d’accroc, y a ­toujours l’impro”, dites-vous…


Odah : Oui, parce que dans la vie, sans s’en rendre compte, tout le monde improvise, essaye de retomber sur ses pattes. Rien ne se passe jamais comme prévu.


 


Un souvenir marquant ?


Dako : Improviser devant Akhenaton (leader du groupe IAM, ndlr) qu’on admire tant ! 


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