« Jeux de société » de Jalil Tijani le 30 avril à Paris

 « Jeux de société » de Jalil Tijani le 30 avril à Paris


Le comédien marocain venu avec son spectacle "Jeux de société" nous avait impressionné en février par sa maitrise des jeux de rôle et ses textes très drôles. Nouvelle date de spectacle le 30 avril à l'Alhambra à Paris.


L'homme est affable et commence son spectacle par des remerciements à son public mais aussi à Paris. Une ville où il a vécu plusieurs années et a appris son métier à l'Ecole du Jeu. La voix est un peu chevrolante au début, touché sans doute par l'émotion de "réussir" dans cette ville où il a connu tellement de galères.


Très vite, le comédien nous emmène dans son Maroc. Celui où il est retourné pour y vivre sa passion débordante d'acteur, "la meilleure décision de ma vie". Celui qui a joué dans la série Kaboul Kitchen de Canal+ echaine alors une galerie de personnages, tous plus tordants les uns que les autres. Du fils d'immigré qui ne connait pas la langue, à la matérialiste, au servile fonctionnaire… Tout y passe : les fils à papa, l'adolescente gatée, le salafiste vendeur de kebab,… Clou du spectacle : un chauffeur de taxi qui intensifie un propos juste mais toujours drôle.


On rit aux éclats car ce n'est pas un one-man-show que l'on vient voir mais une véritable fresque du Maroc. On se croirait dans une salle de musée où chaque tableau est étudié avec le plus grand soin. On a l'impression de voir le film italien "Les nouveaux Monstres" ou "Smoke" de Paul Auster mais à la sauce marocaine contemporaine. 


La force de Jalil : un don de l'observation et de l'écoute qui lui permettent de capter ce petit "supplément d'âme". On le devine assis, regardant, prenant des notes et exagérant (à peine) certaines situations vécues au Maroc. C'est simple. Malgré leurs défauts, on s'attache à ses personnages délurés.


Tout y passe : la bourgeoisie déconnectée de la réalité, la corruption, l'absurdité de l'acte de mariage demandé par les hôtels (datant du protectorat) mais aussi des considérations comme le conflit de générations. Mention spéciale pour le traitement du racisme anti-noir au Maroc où son personnage africain s'écrie "Mais le Maroc, c'est en Afrique, non ?". Seul petit regret : des respirations un peu plus longues entre les sketchs même si de l'aveu de l'artiste et de sa manager, cela risquerait de rallonger le spectacle d'une heure quarante.


Fait rare pour être signalé : Jalil Tijani ne se débrouille pas seul. Entouré d'une équipe de haute volée, que ce soit sa manageuse, Ayla Mrabet, ses techniciens ou son équipe de production, il peut ainsi donner la pleine amplitude dont a besoin un artiste poru s'exprimer.


Le spectacle est juste et bien mené avec deux moments extrémements poétiques faisant intervenir des personnages silencieux qu'on ne dévoilera pas ici mais qui donne un gout particulier à ce one-man-show. On a hâte de voir et de revoir ce spectacle et de découvrir l'univers surprenant de cet artiste dont on entendra à coup sur, reparler.