Farid Chamekh : « L’humour est une arme redoutable »

 Farid Chamekh : « L’humour est une arme redoutable »

Presse


Depuis un an, il assure la première partie du nouveau spectacle de Jamel. Une petite consécration pour cet humoriste d’origine algérienne, qui a grandi à Saint-Etienne et rejoint Paris il y a onze ans afin de forcer le destin. 


Le grand public vous a découvert sur les planches du Jamel Comedy Club (JCC) en 2015, puis lors du festival Marrakech du rire. Avant cela, quel a été votre parcours ?


J’ai commencé par le théâtre au centre d’art dramatique de la Comédie de Saint-Etienne. A l’époque, je ne pensais pas pouvoir en vivre. Puis j’ai intégré une troupe d’improvisation, tout en travaillant en parallèle dans une imprimerie. A 26 ans, j’ai ressenti le besoin de faire un point. Je suis parti au Brésil pendant un an, avec l’idée de me perfectionner en capoeira, que je pratiquais depuis quelques années. A mon retour, j’ai décidé de tenter ma chance à Paris, d’abord dans la comédie, puis le stand-up. J’ai commencé par la scène ouverte du ­Comedy Club, la DebJam, puis Jamel Debbouze m’a sélectionné pour son émission et sa troupe.


 


Certains qualifient l’humour du JCC de communautaire. Qu’en pensez-vous ?


C’était vrai, au début. Aujourd’hui, dans le public comme sur scène, ça a beaucoup évolué. Personnellement, je préfère élargir le jeu mais, en même temps, je comprends que les gens ressentent le besoin d’être représentés. C’est très français de voir du mal à ça. Cela est lié au rapport qu’entretient la France avec son histoire et avec l’immigration en général. Aux Etats-Unis, il y a de l’humour fait par des Noirs pour des Noirs et ça passe très bien.


 


Qui sont vos références dans le milieu ?


Jamel Debbouze et Gad Elmaleh pour le souffle nouveau qu’ils ont apporté et pour leur ascension. Mes plus grosses références francophones sont le Québécois Michel Courtemanche et Elie Kakou, notamment pour leurs personnages et leur capacité à bouger sur scène. Aux Etats-Unis, j’aime beaucoup Jim Carrey, Dave Chappelle ou Kevin Hart.


 


Peut-on rire de tout, selon vous ?


J’aimerais dire oui, mais ce n’est pas le cas. Surtout ces ­dernières années, avec l’avènement d’Internet. Le risque de s’attirer les foudres d’une communauté qui n’aurait pas apprécié une vanne n’est jamais loin. Je ne me censure pas, mais mon rôle est avant tout de détendre les gens. Par ailleurs, je pense qu’on peut trouver des moyens intelligents de faire passer ses messages. L’intelligence humoristique, c’est, par exemple, de tacler avec ­finesse et esprit les politiques sur les réseaux sociaux. C’est plus fort que de les insulter. L’humour est une arme redoutable.


 


Racontez-nous l’anecdote la plus folle qui vous soit arrivée sur scène ?


Je devais intervenir dans un hôpital. En montant sur scène, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une unité psychiatrique. Tout le ­public était sous médicaments et ne comprenait rien à mes vannes. J’avais envie de mourir. Alors que je jouais mon sketch, j’ai prononcé le mot “zizi”. Soudain, un type a traversé la salle, les mains collées aux oreilles, avec des infirmières à ses trousses, en criant : “Il a dit zizi !” C’était surréaliste.


 


Quels sont vos projets pour la rentrée ?


Je termine la tournée avec Jamel et j’enchaîne avec mon nouveau spectacle début 2019. J’ai également des projets à la télé qui devraient se préciser prochainement.


 


C’est quoi l’humour, pour vous ?


Pour moi, c’est un exutoire qui me permet de prendre du recul sur la réalité qui, parfois, peut être difficile. Cela tout en ayant des choses à dire, à raconter, et nous en avons plus que jamais besoin.