Hirak : Des centaines d’étudiants dans la rue malgré le ramadan

 Hirak : Des centaines d’étudiants dans la rue malgré le ramadan

« Libérez les détenus d’opinion, libérez la justice, libérez la presse », ont scandé des protestataires Rached Cherif/LCDA

Des centaines d’étudiants ont défilé, comme chaque mardi à Alger, au premier jour du ramadan. Ils réclament la libération des militants du Hirak arrêtés récemment. Certains brandissaient des pancartes aux slogans hostiles à la France qu’ils accusent de soutenir le régime.

 

Les étudiants et des sympathisants du Hirak ont commencé leur marche de la place des Martyrs, vaste esplanade en contrebas de la Casbah, dans la vieille ville. Ils ont défilé jusqu’au centre de la capitale. Malgré le jeûne du mois de ramadan et la hausse des températures, la mobilisation hebdomadaire des étudiants reste solide, même si le cortège semblait moins fourni que les semaines passées.

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« Libérez les détenus d’opinion, libérez la justice, libérez la presse », ont scandé des protestataires. Certains brandissaient des portraits de prisonniers. « Salutations révolutionnaires à nos camarades en prison », pouvait-on lire sur une pancarte. Selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), sept étudiants sont actuellement derrière les barreaux, sur une soixantaine de personnes associées au Hirak en détention.

En prison pour avoir dénoncé des violences policières

Parmi les portraits de détenus dans le défilé de mardi figuraient ceux de Mohamed Tadjadit, surnommé le « poète du Hirak ». Les photos de quatre autres militants prisonniers apparaissaient également. Ils sont en prison depuis la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo d’un mineur de 15 ans. Ce dernier y accuse des policiers d’« attouchements sexuels » après son arrestation lors d’une précédente marche de protestation à Alger.

Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, « diffusion de fausses informations de nature à troubler l’ordre public », « atteinte à la vie privée d’un enfant et son exploitation à des fins contraires à la morale », « incitation à la débauche » et « détention de stupéfiants ». Des accusations rejetées par leurs avocats lors d’une conférence de presse mardi après-midi. Ces derniers estiment que ces activistes sont victimes « d’une guerre médiatique, sécuritaire et judiciaire ».

« Nous démentons formellement les accusations d’homosexualité et d’ouverture de maison de débauche. Ces accusations ne sont présentes ni dans le dossier de la police, ni dans l’acte d’accusation ouvert par le parquet », a protesté Me Abdellah Haboul. L’avocat a critiqué le procureur pour avoir voulu « influencer la justice » et « discréditer l’image » de ses clients.

Slogans anti-Français

Par ailleurs, des slogans anti-français, récurrents dans les manifestations, sont réapparus sur fond de nouveau coup de froid diplomatique entre Alger et Paris. « La France est de retour, mais la révolution est toujours là », a-t-on entendu dans le cortège. Des pancartes se félicitaient que « les martyrs (aient) annulé la visite de Castex ».

Une référence aux combattants nationalistes tués lors de la guerre d’indépendance (1954-1962) et à l’annulation du déplacement à Alger du Premier ministre français Jean Castex prévu le 11 avril. Certains opposants reprochent à Paris d’avoir ouvertement pris parti pour le président Abdelmadjid Tebboune et le pouvoir en place.

Du côté du régime, la France est accusée à mots couverts de s’immiscer dans les affaires politiques internes de l’Algérie. Selon un sondage publié par le Centre arabe de recherches et d’études politiques basé à Doha, relayé mardi par la presse algérienne, 61 % des Algériens considèrent que la plus grande menace étrangère visant leur pays est la France.