Héroïnes de 7 lieux : bousculer les idées préconçues sur les femmes et les quartiers populaires

 Héroïnes de 7 lieux : bousculer les idées préconçues sur les femmes et les quartiers populaires

4e édition du festival de contes “Héroïnes de 7 lieux”, du 20 juin au 20 juillet 2024, à Nantes. Photo : DR

Bousculer les idées préconçues sur les quartiers populaires, les femmes, les contes. C’est l’objectif du festival de contes Héroïnes de 7 lieux qui prend vie au cœur d’un quartier.

« Héroïnes de 7 lieux, c’est un festival qui est né pour brasser les cartes », précise d’emblée Anne-Gaël Gauducheau, créatrice du festival de contes Héroïnes de 7 lieux, proposé par la compagnie La Lune Rousse, dont la quatrième édition se tiendra du 20 juin au 20 juillet, à Nantes.

Brasser les cartes. Comme une expression parfaite pour appréhender l’ensemble des « missions » que s’est donné ce festival. Un savant mélange entre brasser les cultures et rebattre les cartes. Brasser les cultures, les gens, créer des rencontres, des échanges autour d’un conte, d’une histoire.

Héroïnes de 7 lieux est ancré dans le quartier populaire de Bellevue, à Nantes. Loin d’être une contrainte, c’est une volonté affichée par la créatrice du festival « pour tordre le cou aux idées reçues sur les quartiers populaires et les banlieues ». 

Les spectacles prennent place dans différents lieux culturels, associatifs, piliers de la vie au sein du quartier. « L’année dernière, (…) j’ai eu l’impression que la mayonnaise prenait vraiment, les gens allaient d’un lieu à un autre et suivaient plusieurs spectacles du festival », s’enthousiasme Anne-Gaël Gauducheau.

Femmes

Brasser les cultures. Rebattre les cartes. Changer la donne, apporter un nouveau regard. « Bousculer l’image qu’on a du féminin et des femmes dans les contes. Les gens qui ne connaissent pas trop le conte nous ressortent toujours la belle au bois dormant. Avec l’idée que dans les contes, les femmes attendent dans une tour qu’un prince charmant vienne les délivrer », déplore la créatrice du festival.

Cette dernière regrette qu’au fil des années, les éditeurs n’aient pas eu le courage de s’emparer de contes où les « héroïnes sont flamboyantes, magnifiques, courageuses », parce qu’il y en a beaucoup selon elle. A l’image de celles qui portent les lieux associatifs et culturels de Bellevue. « Femmes en fil », le « Comptoir des Alouettes », « Style Alpaga », pour ne citer que quelques exemples.

Des lieux qui verront se succéder sur scène de nombreuses artistes, conteuses, mais aussi des projections, d’histoires où les femmes tiennent un rôle central. Le tout, sous l’œil de la marraine de cette édition, la conteuse Gigi Bigot.

D’ici et d’ailleurs

Héroïnes de 7 lieux, c’est également une programmation exigeante avec des spectacles surprenants. Comme « Les Bataleras de Ceiba » (3 juillet), dirigées par Marion Ceiba, qui feront voyager les spectateurs de l’autre côté de l’océan Atlantique, dans les Caraïbes, à Cuba. Ils découvriront des chants traditionnels issus, en grande partie, de la culture Yoruba du Nigeria.

Puis les spectateurs pourront voyager plus au nord de l’Afrique avec Nezha Cheve qui leur contera ses « Ruses de femmes » (2 juillet). Cette dernière « conte pour faire des ponts entre Orient et Occident ». 

Se faire souffler des contes au creux de l’oreille à travers un tuyau de papier. C’est l’expérience proposée par « Les souffleuses d’histoires » que sont Crystel Levenes et Anne-Gaël Gauducheau. Une expérience qui peut être prolongée en s’inscrivant sur le site histoireauboutdufil.fr, pour se faire appeler au téléphone et se faire raconter une histoire.

Histoire de budget

« Le ministère de la Culture voulait récupérer plus d’un million de budget, c’était pris sur ce que Rachida Dati appelait les budgets de réserve. Mais on s’est très vite aperçu que les budgets de réserve c’était nous », explique Anne-Gaël Gauducheau.

Cette dernière regrette que le budget prévu pour les festivals et événements d’été de toute la région, soit passé, de l’année dernière à cette année, de 800 000 à 150 000 euros. Une perspective d’avenir assez floue pour le festival Héroïnes de 7 lieux, qui a dû se « bagarrer » pour avoir lieu cette année.

Juste pour cette fois, les amoureux de la culture espèrent que le vieil adage se vérifie et que cette histoire, ce conte, se termine par un « happy end ».

Programmation complète du festival sur festivalheroines.com

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Charly Célinain