Harkis : Le projet de loi adopté au Sénat

 Harkis : Le projet de loi adopté au Sénat

La Sénatrice Marie-Pierre Richer, rapporteure au Sénat sur le sujet, 25 Janvier 2022 (DR)

Le Sénat a adopté un projet de loi portant reconnaissance de la Nation envers les harkis et les autres personnes rapatriées d’Algérie. A l’initiative du gouvernement et après un premier passage à l’assemblée, le Sénat a pu amender le texte. Interview avec Marie-Pierre Richer, sénatrice du Cher et rapporteure pour la commission des affaires sociales sur le sujet.

Le Courrier de l’Atlas : Pourquoi avoir eu besoin de traiter de la reconnaissance de la Nation envers les harkis et les réparations des préjudices ?

Marie-Pierre Richer : La présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche m’a proposé pour en être rapporteure. Malgré le temps court, nous avons pu auditionner de nombreuses personnes, mener des recherches et apporter notre pierre à l’édifice. Plusieurs lois ont été votées sur le sujet dont certaines concernaient des indemnisations qui portaient plus à caractère social. Avec cette loi, on change de paradigme. Jusqu’à présent, les réparations ne concernaient que les personnes qui avaient transité dans les camps et les hameaux de forestage. On avait « écarté » ceux qui étaient dans ce qu’on appelle les cités urbaines. On a eu connaissance d’harkis qui vivaient dans le Nord dans des prisons désaffectés. C’est pour cela que l’on voulait rajouter « structures de toute nature ». Au Sénat, on a aussi demandé une prolongation des délais de restrictions pour les locations viagères. Nous attendons le résultat de la commission mixte paritaire qui aura lieu la semaine prochaine.

LCDA : Le projet de loi de l’Assemblée proposait une commission nationale de reconnaissance et de réparation. Vous avez amendé cette partie. Pourquoi est il important d’en préciser son indépendance ?

Marie-Pierre Richer : C’est revenu tout le temps lors des auditions. L’indépendance était une demande forte des harkis parce qu’elle aurait un rôle majeur dans le mémoriel et les personnes qui auront droit à réparations. A 60 ans des accords d’Evian, nous voulons connaître et reconnaître l’Histoire sur le vécu des harkis.

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LCDA : Peut on imaginer que cette commission puisse servir de source mémorielle pour l’Histoire ?

Marie-Pierre Richer : Tout à fait. La commission nationale doit finir de répertorier tous les lieux. Il doit en rester. N’oublions pas les privations de liberté et surtout de droits fondamentaux que les harkis ont vécu ! L’Etat les reconnait parce qu’ils étaient sous sa responsabilité. Il y a encore un travail de recherche à effectuer. Sur le coté mémoriel, on méconnait la douleur et la souffrance de ces personnes. Il faut que la France regarde cette histoire en face.

LCDA : Le projet de loi s’adresse aussi à la seconde génération d’harkis. C’était important de les inclure aussi ?

Marie-Pierre Richer : Bien sûr. Certains d’entre eux ont transité par ces camps ou ces structures. La commission nationale de reconnaissance et de réparation prouve que rien n’est figé. On a encore du mal sur notre histoire. La plaie n’est pas encore refermée. Cette reconnaissance ne doit, en aucun cas, être considéré comme un solde de tout compte. On se rappelle la prise de position de Jacques Chirac en 2001. Depuis, tous les présidents successifs s’en emparent. Lors du vote, quelques uns se sont abstenus car cela n’allait pas assez loin à leurs goûts. Mais, il n’y a eu aucune voix contre le projet de loi lors du vote. C’est dire le consensus politique sur cette question.

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