Hadj Ali Menad : L’acting au coeur de la réalisation de films

 Hadj Ali Menad : L’acting au coeur de la réalisation de films

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Passé par les arts martiaux, le réalisateur franco-algérien, Hadj Ali Menad a réussi, à force de ténacité et d’abnégation, à s’imposer dans le paysage audiovisuel maghrébin. Autodidacte, il s’est fait une spécialité de placer l’acteur au cœur de ses films ou séries.

Si un mot devait le caractériser, ce serait surement modestie. Hadj Ali Menad est de ces hommes qui, malgré sa carrure imposante, a  su imposer son style tout en douceur dans des films d’action. Co-réalisateur de la série algérienne, Sultan Achour, créée par Djaffar Gacem, Hadj Ali Menad a gardé son âme d’enfant.

Une enfance qu’il a vécu sur l’autre rive de la Méditerranée, à Oran. Une ville où il se découvre une passion pour le cinéma même sans y mettre les pieds. « Notre culture cinématographique se faisait à travers les DVD, indique le réalisateur. J’ai toujours voulu être réalisateur derrière la caméra. Mais en Algérie, j’avais peu d’espoir de réussir et je me suis mis au sport. »

Celui, qui rêve de Bruce Lee et Jackie Chan, se lance d’abord dans le karaté avant de se rendre compte que cela ne correspondait pas totalement à son rêve. « Quand la boxe thaï est arrivée en Algérie, c’était la mode, se remémore Hadj Ali Menad. Dans les films d’arts martiaux, c’était spectaculaire. J’avais l’énergie de suivre cette voie. »

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Double visionnage de Rush Hour 2

Arrivé à l’âge de 20 ans en France, il découvre le cinéma pour la première fois. « Pour moi, le film sortait directement en DVD. Nous n’avions qu’un seul cinéma. Ce n’était pas beaucoup développé. Le premier film que j’ai vu, c’était par une affiche d’un film avec Jackie Chan, Rush Hour 2. Je suis entré dans la salle et ça a été un enchantement. J’ai tellement aimé que le lendemain, j’y suis retourné une deuxième fois (rires). »

C’est décidé. Il sera réalisateur. Il achète une caméra et tourne sans arrêt. Audidacte, il se forme au montage mais trouve le résultat peu concluant. « J’avais compris le cadre et la dynamique d’un film mais il manquait quelque chose. C’était le travail d’acteur. Pour être différent des autres, j’avais besoin de saisir ce que le comédien devait effectuer. »

Il s’inscrit à une formation dans une école de réalisation mais se rend compte très vite que c’est le travail d’acting qu’il a besoin d’apprendre. « On ne peut apprendre l’acting seul, indique Hadj Ali Menad. C’est un métier qui comprend de la technique, des exercices,… J’aime le comparer au foot. On sait tous taper dans un ballon mais ça n’est pas pour autant que tu es un bon footballeur. L’acting s’apprend et j’ai passé plusieurs années à parfaire cet aspect du métier. »

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Un chien à coacher

Pubs, clips, court métrages,…Hadj Ali Menad profite de toutes les expériences pour s’enrichir et prendre plus de bouteille dans le métier. « J’ai commencé alors à sentir la différence. Il fallait que je montre que je n’ai pas peur. La peur est mauvaise conseillère. La caméra peut capter même des choses que l’on ne voit pas nécessairement quand on fait une mise en place. »

Sa première expérience cinématographique se passe en Algérie. D’une rencontre avec un producteur de télévision, il débute la réalisation de son premier téléfilm, « le héros inconnu ». Un pari complètement fou car le personnage principal est un chien. Tous les réalisateurs auraient craint de tourner avec un animal ou un enfant. Hadj Ali Menad n’en a cure. « J’ai développé le scénario pour le rendre plus personnel. Je voulais donner à ce film un côté réaliste. Quand j’étais en Algérie, j’ai appris qu’il y avait un autre réalisateur dessus mais qu’il avait peur de diriger un animal. J’adore les chiens et sais comment les dresser. Du coup, au lieu de coacher un acteur, j’ai du coacher un chien (rires). »

Un premier film qui sera un succès mais qui lui laisse un goût amer. Alors que le téléfilm remporte un prix du cinéma arabe en 2017, personne ne le tient au courant. Il reçoit toute la  journée des messages de félicitations sans comprendre ce qu’il se passe. « J’étais devant la télévision et j’ai pu voir des gens prendre mon trophée et l’argent à ma place. Moi, je n’ai rien reçu. J’ai pleuré comme un enfant. »

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Héliopolis, Sultan Achour et Djaffar Gacem

Malgré cette déception, ce téléfilm lui permet de rencontrer le réalisateur et producteur, Djaffar Gacem. Les deux hommes s’entendent tout de suite parfaitement au point que Hadj Ali Menad s’occupe du coaching des acteurs sur le film « Héliopolis », nommé aux oscars du Cinéma pour l’Algérie. « J’étais aux anges. C’était une très belle expérience. Pour le moment, je ne réalise pas encore que le film existe tellement c’était un moment exceptionnel. »

Durant le tournage d’Héliopolis, Djaffar Gacem doit assurer aussi le tournage d’une série à succès en Algérie, Sultan Achour. Il confie alors la deuxième équipe à Hadj Ali Menad. « Cette série était l’occasion pour moi d’exploiter de nombreuses possibilités. J’ai passé une semaine avec lui pour comprendre de quoi il en retournait puis j’ai pris en charge la deuxième équipe sur la troisième saison. »

Sa soif de réalisation n’est pas étanchée. Film, série, long métrage,… Hadj Ali Menad veut tout faire. « Les séries ont le vent en poupe, notamment grâce aux plateformes qui ont modifié le paysage audiovisuel. Je prépare en ce moment un pilote d’un film qui s’appelle « Ma frontière ». Je prépare le casting pour pouvoir le réaliser très prochainement. »