Guerre d’Algérie : l’Etat français exhorté à reconnaître sa responsabilité dans le recours à la torture

 Guerre d’Algérie : l’Etat français exhorté à reconnaître sa responsabilité dans le recours à la torture

Des suspects, mains sur la tête, sont emmenés au commissariat central d’Alger le 10 juin 1956, lors d’un raid dans les quartiers de Belcourt et de la Basse Casbah, déclenché par les autorités françaises, à la suite d’attentats qui ont eu lieu dans la capitale, pendant la guerre d’Algérie. AFP

Reconnaître enfin la responsabilité de l’Etat français dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie. C’est l’appel lancé hier (4 mars), à l’Élysée, par plusieurs associations.

« S’engager dans la voie de la compréhension de l’engrenage répressif conduisant au recours à la torture, dont le viol est un instrument constitutif, n’est (…) pas un acte de contrition, mais un acte de confiance dans les valeurs de la Nation », avançaient, dans un courrier transmis à l’Élysée, une vingtaine d’associations, dont les Anciens appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (4ACG), la LDH ou encore le MRAP.

Celles-ci ont signé un « Appel pour la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat dans le recours à la torture durant la guerre d’Algérie », rendu public hier. Cet appel est notamment agrémenté de dizaines de témoignages de personnes torturées pendant cette guerre.

Dysfonctionnements

Alors oui, ces dernières années, la France a commencé à reconnaître ses fautes. Le 18 octobre 2022, l’Élysée publiait un communiqué reconnaissant que, pendant la guerre d’Algérie, une « minorité de combattants a répandu la terreur, perpétrée la torture ». 

Insuffisant, pour les signataires de l’appel qui considèrent que cette reconnaissance n’explique pas les dysfonctionnements de l’Etat. Comme, par exemple, le fait que les auteurs de torture « aient été promus et décorés alors que ceux qui l’ont dénoncée ont été poursuivis et emprisonnés », ou encore le fait « que des décrets ont autorisé la censure et la saisie des périodiques et des livres rapportant des faits dans leur vérité », pointe la LDH.

Page sombre

« Une reconnaissance officielle et historique permettrait d’ouvrir la voie à une compréhension du fonctionnement et des logiques de l’Etat durant une colonisation et une guerre pendant lesquelles la République a contredit les principes dont elle se réclamait », rappellent les signataires de l’appel.

Depuis la reconnaissance de la torture en 2022, la France et l’Algérie travaillent ensemble sur le récit historique des sujets liés à la guerre et à la colonisation. Du mieux mais les différentes ONG et associations préviennent : « Sans un retour sur cette page sombre de son histoire, rien ne préserve la République française de retomber dans les mêmes dérives ».