Moncef Marzouki et un député israélien à bord de la flottille en route pour défier le blocus de Gaza
Cinq ans après l’abordage sanglant du Mavi Maramara qui tentait de briser le blocus israélien de Gaza, une nouvelle flottille partie d’Europe est en route pour défier ce blocus. Parmi les passagers figurent notamment l’ancien président et militant tunisien Moncef Marzouki et un député israélien, dont la participation suscite de violentes réactions en Israël.
5 navires et 70 participants de 22 nationalités
Les bateaux de la Flottille de la Liberté 2015 www.freedomflotilla.org ont quitté différents ports de Méditerranée afin de tenter de briser le blocus maritime de Gaza. « C’est la troisième flottille à défier ce blocus illégal depuis 2008 », rappelle un communiqué de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.
Cette flottille est composée de cinq navires transportant environ 70 personnes de 22 nationalités différentes : Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Canada, Espagne, Danemark, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Israël, Italie, Indonésie, Jordanie, Maroc, Norvège, Nouvelle-Zélande, Palestine, Royaume-Uni, Russie, Suède et Tunisie.
L’un des principaux bateaux a quitté la Suède en mai et a fait des escales dans plusieurs ports européens, dont Brest en France, pour faire connaître sa mission auprès du public. Plusieurs parlementaires de la région euro-méditerranéenne ont pris place à bord de la flottille. Outre des députés (algérien, espagnol, grec et jordanien) figure un député arabe israélien.
Militants et journalistes de tous horizons
Comme l’avait fait sa collègue Haneen Zoabi, victime de l’attaque israélienne contre le Mavi Marmara en 2010, le député Basel Ghattas a décidé de participer à cette action visant selon lui à attirer « l'attention de la communauté internationale sur le sort de 1,8 million de Palestiniens vivant dans des conditions honteuses et dignes d'une prison à cause du siège militaire imposé par Israël ».
L’élu d’un parti arabe de la Knesset s’est attiré les foudres d’une grande part de la classe politique israélienne, qui le qualifie de « traître ». « Il n'y a pas de choses plus graves pour un député israélien que de participer à cette flottille dont le but est d'aider l'organisation terroriste Hamas », a dit à la radio militaire le ministre de l'Immigration Zeev Elkin.
Le Tunisien Moncef Marzouki, militant d’opposition sous la dictature, puis premier président élu à l’issue des premières élections transparentes en 2011, est également à bord de la flottille. Des journalistes sont également présents pendant la traversée qui devrait être en vue des côtes de Gaza avant la fin de la semaine.
Cinq ans après l’abordage sanglant du Mavi Marmara
Dans un communiqué, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens ainsi que la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine demandent aux autorités françaises de « faire les pressions nécessaires sur le gouvernement israélien pour assurer la sécurité des bateaux et des passagers et pour que la flottille puisse accéder librement à Gaza ».
Lors de la précédente tentative, l’assaut musclé des forces israéliennes sur la Mavi Marmara, bateau amiral turc de la flottille, avait fait neuf morts et vingt-huit blessés parmi les militants et suscité une vague d’indignation internationale. En réaction, la Turquie, pourtant réputée proche de Tel-Aviv jusque-là avait a décide de porter l'affaire devant la Cour internationale de justice. Tout en reconnaissant qu’il était « raisonnable de penser » que des crimes de guerre ont été commis, celle-ci s’est déclarée incompétente pour instruire un procès.
Rached Cherif