Gaza : Les dangereuses conditions d’exercice des journalistes pour continuer à informer
À Gaza, les journalistes palestiniens font face à des conditions extrêmement périlleuses pour exercer leur métier. Pris au piège entre les frappes israéliennes, le blocus, et les coupures d’électricité, ils tentent courageusement d’informer, souvent au péril de leur vie. Cette enclave est devenue l’endroit le plus dangereux au monde pour les professionnels de l’information. Depuis le début du conflit, 19 journalistes ont été tués.
L’accès à Gaza est devenu totalement impossible, et les journalistes sont incapables de sortir ou d’y entrer. Les informations sont relayées par des correspondants locaux, qui vivent également dans des conditions précaires entre les bombardements et le blocus israélien.
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Le manque de couverture médiatique à Gaza résulte de l’assassinat de journalistes, des bombardements et des interruptions de services essentiels tels que l’électricité et Internet. Malgré ces défis, les journalistes locaux persistent dans leur mission de rendre compte des événements et de mettre en lumière les actions israéliennes à Gaza. Cependant, leur vie est en danger constant, comme en témoigne le récent décès du photojournaliste Roshdi Sarraj, tué dans une frappe israélienne à son domicile.
Face à cette situation, Reporters sans frontières (RSF) enquête sur la mort de journalistes. L’ONG déplore neuf décès de journalistes à Gaza, soit dans l’exercice de leur métier, soit en raison de leur profession. RSF craint de plus un « black-out médiatique » à Gaza, en raison de la destruction de plusieurs centres médiatiques par des missiles israéliens.
Relais de la presse internationale
Des agences de presse internationales telles que l’AFP ont dû évacuer leurs bureaux. Les employés se sont dispersés dans le sud de Gaza, sous la pression constante des bombardements. Ils couvrent l’actualité tout en craignant pour la sécurité de leur famille, certains ayant perdu des proches lors d’attaques récentes.
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Les journalistes de l’AFP en poste à Gaza sont la principale source d’informations pour les médias internationaux. Cependant, ils font face à des problèmes de ravitaillement en eau et en essence, menaçant le fonctionnement de leurs générateurs. Si ces caméras s’éteignent, le monde risque de perdre toute visibilité sur la situation à Gaza.
Les médias s’appuient également sur des fixeurs et les agences de presse locales, à défaut de pouvoir envoyer des reporters sur place. France 24, par exemple, collabore avec des correspondants locaux courageux, tels que Maha Abu Al Kass. Elle a survécu à un bombardement israélien, bien que légèrement blessée, et continue de travailler dans des conditions difficiles, avec un accès limité à l’électricité et aux communications.
Lutter contre la désinformation
Les journalistes des Observateurs de France 24 travaillent également à authentifier les images partagées sur les réseaux sociaux et collaborent avec des observateurs locaux pour obtenir des informations vérifiées. La destruction de l’hôpital Al-Ahli de Gaza a souligné la nécessité d’avoir des sources locales indépendantes pour enquêter sur les faits dans un environnement de plus en plus opaque.
Ces journalistes palestiniens de terrain jouent un rôle crucial en tant que première ligne de défense contre la désinformation et la propagande dans les zones de conflit. Outre les risques liés aux bombardements israéliens, ils doivent également faire face à la pression exercée par le Hamas depuis des années. Avant le début de ce conflit, certains journalistes avaient été arrêtés ou intimidés pour avoir dénoncé la mauvaise gestion et la corruption du Hamas. Ils se retrouvent ainsi coincés entre les répressions du Hamas et le violent blocus israélien. Le classement mondial de la liberté de la presse 2023 de RSF classe ainsi la Palestine à la 156e place (sur 172).