Gaz et migration : Giorgia Meloni se rend à Alger et Tripoli la même semaine

 Gaz et migration : Giorgia Meloni se rend à Alger et Tripoli la même semaine

La première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni supprime le revenu de solidarité destiné aux plus démunis.

Après l’Algérie quelques jours auparavant, la Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est rendue en Libye fin janvier. L’objectif de cette tournée nord-africaine : sécuriser l’approvisionnement en hydrocarbures du pays. Mais aussi évoquer la lutte contre la migration irrégulière et d’autres domaines de collaboration.

La visite de Giorgia Meloni à Alger est la troisième en moins d’un an par un Premier ministre italien. L’Algérie a remplacé la Russie comme premier fournisseur d’énergie de l’Italie dans le contexte de la guerre en Ukraine. À travers cette visite Rome a cherché à renforcer ce partenariat. Pour ce faire, elle a rencontré le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Au menu : la signature de plusieurs accords, dont un important partenariat sur l’énergie.

« Nous voulons que l’Italie devienne une plaque tournante européenne pour le gaz algérien. Un carrefour pour les autres pays de l’UE », a déclaré l’ambassadeur de l’Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, dans une interview accordée au quotidien romain Il Messaggero.

 

Renforcement de l’axe Rome-Alger

Un premier accord conclu l’année dernière par Draghi a ajouté 9 milliards de mètres cubes de gaz d’ici 2023-2024 à envoyer via le pipeline transméditerranéen. Quelques mois plus tard, en juillet, un accord de 4 milliards de dollars a été conclu. M. Touahria a également déclaré que l’Italien ENI et la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach envisagent également l’avenir avec des projets comme l’exploration pétrolière et gazière dans le sud du Sahara.

Outre le volet économique, la migration était au centre des entretiens entre les deux chefs de gouvernement. L’Italie est en effet aux avant-postes européens de l’immigration irrégulière. Alors qu’elle a remporté les dernières législatives en promettant de stopper l’immigration, Mme Meloni se devait d’aborder le sujet à Alger.

 

Accord à 8 milliards de dollars

Cependant, c’est bien le gaz et le pétrole libyens qui justifiaient le deuxième déplacement de Giorgia Meloni dans la région en une semaine. Elle y a rencontré le Premier ministre libyen Abdulhamid al-Dbeibah, chef du Gouvernement d’Unité Nationale (GNU) internationalement reconnu.

Avec là encore un accord à la clé entre ENI et la National Oil Corporation (NOC) libyenne. 8 milliards de dollars pour accroître la production de gaz, ainsi que les exportations, grâce au développement de deux champs de gaz offshore.

« Cet accord permettra d’importants investissements dans le secteur énergétique libyen, contribuant au développement local et à la création d’emplois tout en renforçant le rôle d’ENI en tant qu’opérateur leader dans le pays », a déclaré son directeur général, Claudio Descalzi.

Cependant, les accords conclus à Tripoli peuvent être minés par le conflit interne libyen. Comme pour illustrer ce risque, le ministre du Pétrole de Dbeibah, Mohamed Oun, a rejeté toute entente que la NOC pourrait conclure avec l’Italie, déclarant dans une vidéo sur le site web du ministère que de tels accords devraient être conclus par le ministère.

 

Coopération sur l’immigration irrégulière

À Tripoli aussi, le sujet de la migration devait figurer au menu des discussions. En effet, la plupart des 1 377 migrants y sont morts ou portés disparus en 2022 en Méditerranée centrale sont partis de Libye. L’Italie tente en outre de limiter toujours davantage le travail des navires humanitaires portant secours aux bateaux de migrants en détresse dans la région, s’attirant de nombreuses critiques et provoquant un bras de fer diplomatique avec la France fin 2022.

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L’Italie a annoncé poursuivre son soutien la Libye en fournissant de nouveaux navires de recherche et de sauvetage, a déclaré Dbeibah. Or les ONG de défense des droits de l’Homme dénoncent régulièrement les conditions inhumaines de détention des migrants en Libye et accusent les garde-côtes libyens de complicité avec les trafiquants locaux.