« Visages d’ailleurs », croquis de jeunes voyageurs

 « Visages d’ailleurs », croquis de jeunes voyageurs

« Visages d’ailleurs – Carnet de 22 jeunes voyageurs »


Ce sont des carnets de voyage qui viennent de paraître aux éditions Riveneuve. L’occasion de découvrir la plume de 22 jeunes baroudeurs, souvent journalistes parfois dessinateurs, qui racontent une rencontre, un lieu issu du lointain.


En préface, Laurent Joffrin écrit cette phrase : « le voyageur sait, lui, qu’une frontière doit être non un mur mais une porte ». Le directeur de la publication du journal Libération donne le ton, commun à toutes ces nouvelles et à tous ces dessins, qui nous font voyager très loin. Depuis 10 ans maintenant, Libération et l’Association pour l’Aide aux Jeunes Auteurs organisent un concours, pour les moins de 30 ans, issus de cette « génération curieuse et nomade », sur le thème du voyage et de la rencontre. Ce livre « Visages d’ailleurs » est le second à paraître depuis le lancement de cette collaboration. En 2013, « Portraits d’ailleurs » avait déjà mis en valeur les lauréats des 5 premières années de ce concours.

 


Dans la rue depuis 15 ans



Dans cet ouvrage, il y a cette nouvelle illustrée, signée Mathilde Fournier et intitulée « La nuit d’Ali », qui retient toute notre attention, parce qu’extraordinairement banale. C’est l’histoire d’un homme qui vit dans une cabine téléphonique juste en bas de chez une jeune femme. « Curieuse, je l’observe de temps en temps », écrit-elle. Ils discutent « un peu ». Elle apprend qu’il vit dans la rue depuis 15 ans, qu’il nourrit toujours le rêve d’être écrivain. Vient Noël. L’homme décore ce qui lui sert d’abri avec des guirlandes. Puis, un jour, il y a le passage de la police et la disparition de celui qu’elle a l’habitude d’observer. Il ne reviendra pas. Ses affaires seront balayées, « et les souvenirs » avec.



Petits métiers de la rue



Il y a cet autre récit illustré, signé Marie Bonnin, dessinatrice basée à Lyon. « Istanbul, ville pieuvre, ville fourmilière » (…) « les petits métiers de la rue et les échoppes ambulantes sont le cœur battant de cette ville ». La jeune femme nous propose une « série de vignettes qui pose un regard sur ces métiers discrets qui tiennent les murs de la grande Istanbul ». Marie Bonnin croque le vendeur de pain ambulant, « presque aveugle », et surtout ses gestes précis, puis le vendeur de sandwichs au poisson « qui enlève délicatement la moindre arête » ou encore les guichetières du cinéma, entassées dans leur « aquarium » et « très maquillées ». Bref, un petit goût d’Istanbul, comme si on y était et c’est toute la magie de ces carnets de voyage. 


Chloé Juhel


« Visages d’ailleurs – Carnet de 22 jeunes voyageurs », paru aux éditions Riveneuve