« Villes des Musiques du Monde », une utopie culturelle portée depuis 20 ans

 « Villes des Musiques du Monde », une utopie culturelle portée depuis 20 ans

Kamel Dafrid


Cette année, le festival « Villes des Musiques du Monde » célèbre ses 20 ans. L’occasion de dresser un bilan en forme de feu d’artifice pour ce rendez-vous culturel né au cœur du 93 et dont le coup d’envoi est prévu ce week-end. Kamel Dafri est le directeur du festival. Interview.


LCDA : En quoi ce grand rendez-vous des musiques du monde a t-il évolué en 20 ans ?


Kamel Dafri  : Au départ, il s’agissait d’un rendez-vous à l’échelle d’une ville, en l’occurrence Aubervilliers. Ensuite, le festival est devenu intercommunal, au sein du département de la Seine-Saint-Denis. Le deuxième moment fort qui marque l’évolution de ces 20 dernières années, c’est la mise en place du dispositif de création de spectacles qui font participer les enfants, avec notamment la rencontre « Marmots et griots ». C’était en 2007. Enfin, le dernier changement à noter, c’est l’annualisation de ce festival. Nos équipes travaillent dessus toute l’année, et pas seulement pendant les 5 semaines du festival. Nous avons notamment mis en place une école des musiques du monde, sorte d’ateliers destinés à près de 800 personnes qui présentent une forte alternative aux voies classiques du conservatoire.


Que pouvez-vous nous dire de cette nouvelle édition à venir ?


2017 sera un feu d’artifice. 20 ans, c’est le bel âge ! Nous avons tenu à rendre hommage aux artistes et aux partenaires qui nous ont marqués depuis le lancement du festival. Nous procédons donc par série de clins d’œil. L’idée est de décliner plusieurs escales musicales à travers différents registres.


Nous lançons par ailleurs le « Prix des musiques d’ici » : 8 finalistes repérés à travers toutes les régions de France se verront récompenser alors qu’ils sont habituellement peu considérés par la profession parce qu’ils sont dans une sorte de niche…. Je ne comprends toujours pas qu’aujourd’hui il existe des bacs « Musiques du monde » dans les magasins ! Ce sont des musiques d’ici, apportées dans leurs bagages par des gens venus du lointain mais qui vivent désormais ici. Elles méritent d’avoir une écoute en France.


De quelle manière le Grand Paris va-t-il influer sur votre festival ?


On n’a pas attendu ce concept pour s’élargir. Ce grand espace physique, s’il n’y a pas de projet, n’a pas grand sens, à mon avis. Nous avons d’ailleurs une vision assez claire de ce que le Grand Paris culturel peut être. Avec notre festival, nous portons une utopie culturelle : naviguer d’Aubervilliers dans le 93 jusqu’à Limours dans le 91 et s’interroger sur la façon dont la ruralité de cette commune de l’Essonne, par exemple, peut enrichir celle de la Seine-Saint-Denis. Et inversement.


Propos recueillis par Chloé Juhel


Festival « Villes des musiques du monde », du 13 octobre au 12 novembre, en Seine-Saint-Denis et à Paris.