Vers la déchéance de nationalité pour tous ?
Dans ses vœux du 31 décembre, François Hollande a confirmé son projet de réforme polémique visant à inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, alors même qu’une grande partie de la gauche y est hostile. Afin de rendre cette mesure moins inégalitaire, de plus en plus de responsables se disent favorables à une déchéance de nationalité pour tous les Français, binationaux ou pas.
Vers la déchéance de nationalité pour tous les Français ?
Après une année 2015 « terrible » sur le plan sécuritaire, le président de la République appelle le parlement à « prendre ses responsabilités ». Sacrifiant les valeurs de gauche sur l’autel du populisme, François Hollande cherche ainsi à forcer la main aux députés et sénateurs concernant le vote du projet de loi constitutionnelle prévoyant, entre autres, d’étendre la déchéance de nationalité aux binationaux nés français. Une initiative qui en choque plus d’un à gauche, plusieurs parlementaires de la majorité ayant déjà annoncé qu’ils s’y opposeraient.
Des responsables socialistes, dont le président du groupe PS à l’assemblée, Bruno le Roux, ont même évoqué une possible extension de la déchéance de nationalité à tous les Français qui auraient porté atteinte à la Nation, et non plus aux seuls binationaux. Une fuite en avant visant à répondre à l’argument selon lequel réserver cette peine aux binationaux stigmatiserait ces derniers tout en consacrant une inégalité entre Français.
Ceux qui, à gauche, attendaient un revirement en son pour leurs frais lors des vœux présidentiels. La droite, elle, se prépare à voter le projet présidentiel sans que la majorité des 3/5e nécessaire ne soit pour le moment assurée. Cependant, ils sont un certain nombre dans l’opposition à manifester leur scepticisme.
Faut-il « bricoler la Constitution » s’interroge Juppé
Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite et du centre pour 2017, s'est déclaré, lundi sur France 2, opposé à l'extension de la nationalité à tous les Français, binationaux ou pas. « La France, patrie des droits de l'Homme – en tout cas, c'est ce qu'elle proclame urbi et orbi – ne va pas se mettre en contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l'Homme », a-t-il estimé.
L’ancien premier ministre a réaffirmé que la déchéance de nationalité (pour les binationaux nés en France) était « une mesure purement symbolique qui ne changera rien ». « C'est symbolique », a-t-il ajouté, en se demandant s'il fallait « bricoler la Constitution pour y mettre un symbole supplémentaire ». Toutefois, s'il était parlementaire il voterait ce texte, « à condition qu'on s'en tienne strictement aux incriminations actuelles du Code civil », a-t-il ajouté, visiblement soucieux de ménager l’électorat de droite en vue de la course présidentielle.
Rached Cherif