Une association prônant le vivre-ensemble attaquée à propos de sa laïcité
Dans son combat pour un meilleur vivre-ensemble entre les personnes de diverses confessions, et même sans confession, le mouvement Coexister a rencontré des difficultés. Avec tous les réfractaires au vivre-ensemble, le mouvement ne s’attendait sûrement pas à se faire « bousculer » pour des personnes censées être du même côté. C’est pourtant bien de l’Observatoire de la laïcité du Val-d’Oise qu’est venu un coup bas auquel Coexister n’a pas tardé à répondre.
« Laïcité à l’anglo-saxonne » ?
Dans un courrier adressé au Premier ministre, Manuel Valls, Laurence Marchand-Taillade, présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val-d’Oise, s’attaque ouvertement au CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) et au mouvement Coexister. En décrivant ces derniers, la présidente de l’Observatoire les accuse de prôner « la laïcité à l’anglo-saxonne, l’œcuménisme ». Un descriptif étonnant que le mouvement inter-religieux balaie d’un revers rappelant que « l’œcuménisme est le mouvement favorable à la réunion de toutes les Églises chrétiennes en une seule ». On est donc bien loin du message qu’a toujours fait passer Coexister et ils le font savoir : « nous aimons et défendons l’article 9 de la convention européenne des droits de l’hommeque nous nous assurons que notre mouvement autant que nos membres respectent et reconnaissent pour tous la liberté de croire ou de ne pas croire ».
Deux visions de la laïcité
Une telle attaque de la part de la présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val d’Oise met clairement en évidence deux visions de la laïcité. Dans son courrier au Premier ministre, Laurence Marchand-Taillade dit clairement : « Il est du rôle de l’Etat de combattre toutes les dérives qui s’assimilent à un sectarisme dangereux ». Il semblerait donc que de défendre la liberté de croire à telle ou telle religion ou même de ne croire à aucune religion, s’apparente maintenant à un « sectarisme dangereux »…
Une vision erronée qui ne peut être excusée par les attentats ayant touchés Paris en 2015. Le traumatisme ne pourra pas tout expliquer, d’autant plus que bien avant, ne serait-ce que concernant le port du voile à l’école, cette vision viciée de la laïcité servait déjà de prétexte à la mise en place de lois pour le moins contestables et contestées juridiquement sur le plan européen. Le fait que ce soit cet organisme officiel, l’Observatoire de la laïcité du Val-d’Oise, qui tienne cette position par rapport à la laïcité en France, pose sérieusement question…
Dans une tribune co-signée avec Mohamed Sifaoui (Marianne, 11 janvier 2016), Laurence Marchand-Taillade s’en prenait déjà au CCIF et à Coexister.
F. Duhamel