France: un tribunal ordonne la libération du militant pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah après 40 ans de détention
C’est une décision qui fera date. Le tribunal d’application des peines a ordonné ce 15 novembre la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant pro-palestinien libanais, emprisonné en France depuis 1984. Il devra quitter le territoire national dès sa sortie, prévue le 6 décembre. Cependant, le parquet national antiterroriste a fait appel, risquant de retarder cette décision historique.
Ancien instituteur et membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), Georges Ibrahim Abdallah avait été condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans les assassinats, en 1982 à Paris, d’un agent de la CIA et d’un agent du Mossad. Il a toujours nié ces accusations.
Bien qu’il soit libérable depuis 1999, toutes ses demandes avaient été refusées, souvent pour des motifs politiques, sous la pression des États-Unis.
Figure emblématique de la cause palestinienne, Georges Ibrahim Abdallah, 73 ans, est considéré par ses soutiens comme un « prisonnier politique ». Depuis sa cellule de 9 m² à Lannemezan, il n’a jamais cessé de militer pour l’émancipation des peuples. Chaque année, des rassemblements ont lieu devant la prison pour exiger sa libération.
Yves Bonnet, ancien patron de la DST (services de renseignement intérieur), responsable de l’arrestation de Georges Ibrahim Abdallah, demande, lui aussi depuis plusieurs années la libération du militant.
En 2017, dans nos colonnes, il expliquait les raisons d’un tel acharnement judiciaire. « La France se plie aux exigences des États-Unis et d’Israël. A chaque fois qu’une décision de justice a été prise en faveur de M. Abdallah, ces deux pays ont mis leur droit de veto pour qu’il ne sorte pas. Georges Ibrahim Abdallah n’a plus rien à faire en prison. C’est dégueulasse de le maintenir en détention. »
L’AFPS rappelle que ce nest « ni aux États-Unis ni à Israël de dicter la justice en France ».
Cette affaire, marquée par des tensions politiques internationales, est devenue un symbole des luttes entre justice, diplomatie et raison d’État. Alors que la Cour européenne des droits de l’homme a jugé en 2021 les peines à perpétuité avec une telle durée d’incarcération incompatibles avec ses conventions, la libération d’Abdallah ouvre de nouvelles interrogations sur l’équilibre entre lutte antiterroriste et droits humains.