Un recueil de textes pour savoir « Qui est Daech ? »

 Un recueil de textes pour savoir « Qui est Daech ? »

« Qui est Daech ? »


 


Les éditions « Philippe Rey » publient un ouvrage collectif dirigé par Eric Fottorino, qui compile une série de textes de politologues, historiens, écrivains. Tous tentent de répondre à cette difficile question : « Qui est Daech ? ».


 


Les textes ont été rédigés pour certains avant 2015, pour beaucoup au lendemain des attentats de janvier et, enfin, pour quelques-uns après les attaques de novembre. Avec ces écrits récents, cet ouvrage parvient à relever le difficile pari de répondre à peu près à toutes les questions qui ont trait à Daech. Les réponses s’opposent les unes aux autres, se complètent parfois.


 


L’avenir de Daech n’est pas garanti


Ce livre permet d’abord de fournir quelques éléments factuels, tels que le nombre de combattants dont dispose l’Etat Islamique. Entre 20 000 et 30 000 hommes, qui viennent principalement, et dans cet ordre, de Tunisie, d’Arabie Saoudite, de Jordanie, de Russie et, enfin, de France. « Qui est Daech ? » rappelle également la naissance de cette organisation, initiée par le Jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui après l’invasion américaine de l’Irak en 2003.


Pour Michel Foucher, la référence au califat est importante, « un califat conquérant obnubilé par la conquête ». Selon le géographe, cette référence « joue clairement un rôle pour les néoconvertis ».


A la question, « comment se finance-t-il ? », l’anthropologue Hosham Dawod répond que « sa première ressource est le pétrole, pour moitié en Syrie : entre 80 000 et 100 000 barils par jour ».


Pour Gérard Chaliand, « l’avenir de Daech n’est absolument pas garanti ». Le géostratège rappelle que l’Etat Islamique est « très lagement concurrencé par Jabhat al-Nosra », un groupe jihadiste syrien.


 


« Intelligence collective »


Eric Fottorino introduit cet ouvrage en rappelant la difficulté de comprendre ce qu’il appelle cette « guerre sans visage » qui aura secoué la France en 2015. Face à cela, il table sur « l’intelligence collective pour combattre l’anxiété qui accompagne l’inconnu ».


Alors à la question « qui sont les djihadistes français ? », certains, comme le politologue Olivier Roy, répondent ce qu’ils ne sont pas : « ce n’est pas une partie de la population française musulmane qui se tourne vers le djihad et le terrorisme, c’est une collection d’individus, de solitaires, qui se resocialisent dans le cadre d’une petite bande qui se vit comme l’avant-garde d’une communauté musulmane, laquelle n’a pour eux aucune réalité sociale concrète, mais relève de l’imaginaire ». 


La réponse de Dounia Bouzar est également intéressante : « une bonne moitié est persuadée de partir en mission humanitaire ». L’anthropologue explique que sur les 130 cas qu’elle a étudiés, 70% n’ont « rien à voir avec la mémoire de l’immigration, 80% sont issus de familles de référence athée et à peine 20% de familles qui ont une conviction religieuse ». 


 


Chloé Juhel


« Qui est Daech ? », dirigé par Eric Fottorino et publié aux éditions « Philippe Rey