Un islam français est possible » pour l’Institut Montaigne

 Un islam français est possible » pour l’Institut Montaigne

La grande mosquée de Paris


Basé notamment sur un sondage IFOP sur l’islam en France, le rapport « Un islam français est possible », fait le portrait des musulmans de France, parfois à rebours de certaines idées reçues, allant du port du voile à la mixité en passant par la pratique religieuse au quotidien. À quelques mois des échéances électorales, les politiques de droite et d’extrême droite n’ont pas tardé à monter en épingle certains chiffres.


« C’est parce que la méfiance, l’ignorance et l’hostilité croissante d’une partie de la population menacent notre cohésion nationale qu’il est indispensable que les musulmans de France mènent une bataille de la connaissance afin de lutter contre les idées reçues et contre le fondamentalisme. » C’est par ces mots de Hakim el Karoui, l’auteur d’origine tunisienne, que débute le rapport rendu public dimanche.


 


60 % de musulmans ne vont jamais ou que rarement à la mosquée


Ainsi, le poids réel des musulmans en France serait « moins important que ne l'avancent bon nombre de chiffres fantaisistes », avec environ 5,6 % des habitants de métropole (soit entre 3 et 4 millions). Mais, ils représentent environ 10 % des moins de 25 ans, « signe de la prégnance croissante de la deuxième religion du pays auprès des jeunes générations », explique ce document élaboré par l’Institut Montaigne, qui se présente comme un « think tank » réunissant des universitaires autour de réflexions et de débats sur les enjeux de la société.


Autre constatation à l’encontre des préjugés : la fréquentation des 2 500 mosquées est plus faible qu'on ne le pense souvent : 60 % des musulmans interrogés ne s'y rendent jamais ou que très occasionnellement, comme lors des grandes célébrations.


Le rapport révèle aussi qu’une écrasante majorité des musulmans interrogés – aux trois quarts de nationalité française – ne refusent pas la mixité, acceptant de se faire soigner par un médecin (92,5 %) du sexe opposé. Côté pratiques, deux traits saillants très largement partagés : 70 % des personnes interrogées déclarent « toujours » acheter de la viande halal et 65 % sont favorables au port du foulard.


La question du voile est toutefois plus clivante : 65 % des femmes musulmanes ne le portent pas. Quelque 37 % des personnes de culture musulmane considèrent que les jeunes filles devraient pouvoir porter le voile au collège et au lycée et 24 % sont favorables au port du niqab. Une minorité (26 % des hommes et 18 % des femmes) rejette le port du voile. En résumé, « la question sociale est la priorité des musulmans interrogés, bien avant les questions religieuses ou identitaires ». Il n'y a pas de « communautarisme musulman unique et organisé ».


 


Instrumentalisation en vue ?


Sur la base du sondage, l'Institut Montaigne estime qu’un islam de France paisible et intégré est donc possible. Il formule d’ailleurs plusieurs recommandations, comme la nomination d'un « grand imam de France » ou encore un enseignement renforcé de l'arabe à l'école publique.


Réagissant sur le Forum Radio J, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et proche de François Hollande, a souhaité « que les musulmans de France puissent vivre tranquillement leur foi en rupture avec toute intervention extérieure », jugeant « inquiétant » ce chiffre de 28 % de musulmans présentés comme en marge de la société. « 28 % des musulmans de France contre nos valeurs. Et on veut encore nous faire croire au #VivreEnsemble ? », a tweeté Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers.


Préférant aussi ne retenir que ce chiffre parmi tous les autres, le candidat à la primaire de la droite Alain Juppé y voit un « durcissement de la religion musulmane ». Il préconise de bâtir « un État fort », de combattre « les amalgames » et d’inciter « la majorité silencieuse des musulmans » à s'impliquer dans la construction d'un islam de France.


Autre candidat à la primaire, François Fillon a relevé au « Grand rendez-vous » Europe1/iTELE/Les Échos « une sorte de dynamique en faveur de la radicalisation », militant en faveur de « statistiques pour pouvoir avoir les moyens de traiter un sujet qui est celui de l'islam radical ».


Rached Cherif