Un collectif d’associations dénonce la discrimination silencieuse envers les Roms
Expulsions incessantes, déscolarisation des enfants, très peu de solutions de relogement, la situation des Roms est très loin d'être enviable.
Vendredi dernier (8 avril), à l'occasion de la 45ème journée internationale des Roms, un collectif d'associations (Romeurope, Collectif Rom Paris, RESF…) a décidé d'écrire une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur, M. Bernard Cazeneuve, afin de l'interpeller sur les violations de droits et discriminations que subissent les Roms, dont les enfants sont les premières victimes.
La France sous surveillance
Déjà épinglée par le Défenseur des droits, la CNCDH ou encore la Cour européenne des droits de l'homme, concernant sa politique des plus discutables envers les populations Roms, la France continue de faire la sourde oreille. Le 26 janvier dernier, c'est le Commissaire aux droits de l'homme du conseil de l'Europe qui interpellait le gouvernement français « sur les atteintes aux droits des Roms » et sur le « climat d’antitsiganisme » régnant sur le territoire.
Réponses non satisfaisantes
En réponse à ces accusations, le ministère de l'Intérieur a adressé au Commissaire aux droits de l'Homme du conseil de l'Europe, un courrier justifiant certaines actions. Des justifications peu convaincantes selon le collectif d'associations défendant les Roms et notamment lorsqu'il est fait état du respect du cadre légal lors des démantèlements des campements : « L’exemple récent de l’expulsion du bidonville de la porte des Poissonniers dans le 18ème arrondissement de Paris démontre justement que la Préfecture a procédé au démantèlement sans attendre la notification du juge des référés qui, le 27 janvier 2016, avait accordé aux Roms un délai jusqu’au 15 juin 2016 inclus ».
Autre question essentielle, celle de la scolarisation des enfants Roms, évoquée dans la lettre du ministère de l'Intérieur en expliquant que les évacuations sont faites pendant l'été pour sauvegarder les parcours de scolarisation. Là encore, le collectif reste perplexe : « Depuis le début de l’année 2016, une vingtaine d’expulsions ont été recensées, en plein hiver, au mépris du travail considérable des associations pour favoriser la scolarisation des enfants ».
A l'heure où l'actualité nationale est vampirisée par les manifestations contre la réforme du code du Travail, les violations de droits et discriminations envers les Roms passent sous le radar médiatique. Le collectif d'associations soutenant les Roms a donc profité de la 45ème journée internationale des Roms pour rappeler leurs principales revendications dont : « mettre un terme sans délai aux évacuations et expulsions forcées de terrains non assorties de solutions durables de relogement » et « prendre toutes les mesures utiles pour assurer aux enfants Roms une égalité d'accès à l'éducation et à la culture, notamment en faisant cesser sans délai les pratiques illégales de certaines mairies ».
F. Duhamel