Olivier Poivre d’Arvor nommé ambassadeur à Tunis en remplacement de François Gouyette
Son nom circulait avec insistance depuis plusieurs semaines dans les milieux informés : Olivier Poivre d’Arvor a été nommé ambassadeur de France en Tunisie. Il devrait prendre ses fonctions à la rentrée, en même temps que les 54 autres ambassadeurs fraichement nommés ou en mutation. L’ambassadeur sortant, François Gouyette, quittera alors Tunis pour Riyad après quatre années durant lesquelles il a su largement redorer une image écornée par les erreurs de jugement de Paris pendant la Révolution et par le passage houleux de son prédécesseur Boris Boillon.
Un diplomate culturel pour la Tunisie
François Gouyette, ambassadeur apprécié des Tunisiens, va céder sa place lors du mouvement estival orchestré par le Quai d’Orsay. Son remplaçant, Olivier Poivre d’Arvor, est surtout connu du grand public francophone comme un écrivain prolifique passé par la direction de France Culture de 2010 à 2015.
Le frère du célèbre présentateur de JT Patrick Poivre d’Arvor est aussi un diplomate avec une solide carrière comme promoteur de la culture française à l’étranger, notamment en tant que directeur du centre culturel d’Alexandrie (1988-1990), puis de Prague (1990-1994) et de Londres (1994-1999). Son parcours, essentiellement réalisé dans la diplomatie culturelle, suscite d'ailleurs quelques commentaires, en France en particulier, sur sa relative inexpérience politique dans un pays hautement symbolique.
La Tunisie, pionnière et unique réussite – bien que perfectible – du Printemps arabe de 2011, est un poste sensible pour un diplomate français. Boris Boillon, éphémère ambassadeur (février à avril 2011), l’a appris à ses dépens. Au contraire, la pondération et l’expérience de M. Gouyette, spécialiste du monde arabe et arabophone lui-même, ont permis à la France de redevenir un partenaire privilégié de la toute jeune démocratie.
Un poste délicat
Outre le contexte socio-économique local particulièrement complexe, la Tunisie est également aux avant-postes face à la menace jihadiste en Libye qui déjà a frappé le pays à plusieurs reprises. Une menace dont elle est également l’un des principaux réservoirs, puisque le contingent tunisien au sein de l’État islamique est de loin le plus important proportionnellement à sa population. La Tunisie a également l’Algérie comme voisin encombrant ; un pays à haut risque compte tenu de l’incertitude entourant la succession d’un Bouteflika quasi végétatif.
« Une ambassade, ce n’est pas un homme, mais une équipe, et les diplomates qui vont travailler à ses côtés sont parfaitement rodés », répond aux critiques une source diplomatique citée par Le Monde. Elle souligne que « la nomination d’une personnalité avec une telle surface montre l’importance que l’on accorde à la Tunisie ». « Il s’agit d’accompagner le pays dans sa transition démocratique et dans cette dynamique le lien avec la société civile est au moins aussi important que celui avec la classe politique », explique le principal intéressé au quotidien du soir.
Quant à François Gouyette, son prochain poste sera Riyad. La capitale saoudienne, poste hautement stratégique pour la diplomatie française, vient couronner la carrière de cet arabisant et orientaliste chevronné.
Rached Cherif