La justice française saisie au sujet de la mort de l’ex-député tunisien Jilani Daboussi
La justice française enquête sur les circonstances de la mort en Tunisie de Jilani Daboussi, un proche de l’ancien régime décédé en 2014 des suites de sa détention provisoire, qualifiée d’« arbitraire » par sa famille à l’origine de la plainte en France. Accusé de corruption, l’homme a été détenu deux ans et demi sans être jugé et est mort peu après sa remise en liberté.
Jilani Daboussi, médecin franco-tunisien, converti aux affaires et ancien député du parti du président déchu Ben Ali, est mort en 2014 à 67 ans, quelques heures après sa sortie de prison. Il venait de passer 31 mois en détention sans procès pour des accusations de corruption. Souffrant d’insuffisances cardiaque et rénale après un infarctus en prison, l’homme d’affaires s’était vu refuser d’être placé en milieu hospitalier pour suivre des séances de dialyse.
Considérant que leur plainte n’avait aucune chance d’être instruite en Tunisie, cette famille franco-tunisienne s’était tournée en octobre 2014 vers le parquet de Paris qui avait ordonné une enquête. « Une demande d’entraide internationale a été effectuée, dont on ignore le contenu », a expliqué leur avocate, Pauline Manesse. Pour relancer les investigations, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée à Paris en janvier 2016 pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « torture » et « détention arbitraire ». Une information judiciaire a été ouverte en mai, selon une source judiciaire.
Pressions sur la famille
« La famille Daboussi va être entendue en octobre » par le juge d’instruction, a annoncé l’avocate. Selon elle, cette affaire « agite manifestement les cercles les plus influents du pouvoir » tunisien et le fils de la famille, Sami Daboussi, qui vit là-bas « fait l’objet de pressions pour se taire ».
Ce dernier a annoncé mardi qu’il allait révéler de nouveaux éléments de l’affaire à l’occasion d’une conférence de presse qu’il donnera à Paris début juillet. Selon lui, la plainte déposée par sa famille cible l’ex-président de la république, Moncef Marzouki, ainsi que Noureddine B’hiri et Abdellatif Mekki, deux dirigeants du parti islamiste Ennahdha – alors au pouvoir.
Ancien maire de Tabarka (nord), Jilani Daboussi avait été incarcéré en octobre 2011 et inculpé de corruption et abus de pouvoir, après le soulèvement qui a renversé le régime de Ben Ali en janvier 2011. En septembre 2012, l’Association tunisienne de lutte contre la torture (ATLCT) avait lancé un appel pour « sauver la vie » de ce prisonnier alors en grève de la faim, défendu par Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme et militant respecté.
Rached Cherif