Trêve en Syrie : « Nous souhaitons que ça marche mais nous attendons de voir »

 Trêve en Syrie : « Nous souhaitons que ça marche mais nous attendons de voir »

Des enfants jouent à la balançoire lors du 3ème jour de l’Aïd al-Adha dans une rue de Hamouria


 


Une nouvelle trêve en Syrie, mais pour combien de temps ? A peine installée la question revient inlassablement tant les espoirs ont été déçus par les précédentes tentatives finalement non respectées. Les Syriens de France regardent donc avec un œil plutôt méfiant cette nouvelle trêve même s'ils espèrent bien sûr que, cette fois-ci, le cessez-le-feu puisse avoir une réelle incidence sur l'avenir du pays, empêtré dans cette guerre depuis cinq ans.


 


Révélateur ?


« Quand Bachar Al Assad donnera l'ordre de laisser rentrer les vivres dans les zones assiégées, on aura vraiment espoir. Pour l'instant, on a juste le soulagement que cette horreur s'arrête et que les gens puissent un petit peu respirer » explique Marie-Claude Slick, membre de l'association Souria Houria.


Cette dernière ne sait que trop bien que la survie du cessez-le-feu est très largement influencée par le bon vouloir du président syrien : « Le véritable révélateur ne sera pas simplement le fait que Bachar Al Assad, qui a toujours été le premier à rompre le cessez-le-feu, le tienne [le couvre-feu, ndlr] mais, en plus, il sait qu'assiéger et affamer les populations c'est quand même une arme de guerre. Et cette arme là est manifestement toujours d'actualité ». Un paramètre qui engendre évidemment beaucoup de méfiance, même si l'envie d'espoir est bien présente : « Nous nous réjouissons de tout allègement de la souffrance de la société civile mais il y a encore beaucoup de questions en suspens… ».


 


L'Etat Islamique, le facteur X


« L'Etat Islamique a brouillé le message, a brouillé la vision de ce qu'il se passe en Syrie (…) C'est pourquoi Bachar El Assad ne souhaitait pas tellement le recul de Daesh qui brouillait le message, ça l'a bien arrangé. Si Daesh disparaît on va se retrouver avec la réalité des choses, c'est-à-dire un peuple qui a lutté contre son dictateur, et son dictateur qui est démasqué » analyse la membre de Souria Houria.


Les différentes attaques de l'Etat Islamique en Occident combinées aux nombreux acteurs qui ont part à la guerre en Syrie, donnent une situation extrêmement confuse dans le pays et pour tous les observateurs. C'est pourquoi le cessez-le-feu est bien évidemment reçu comme étant une bonne chose, mais les Syriens restent sur leurs gardes : « Nous souhaitons tellement que ça marche mais nous attendons de voir (…) On peut momentanément mettre les problèmes à l'étouffoir, mais ils ressortiront dans les années qui viendront ».


 


F. Duhamel