Téléramadan un début prometteur
C’est nouveau, c’est frais et c’est prometteur. Trois jours après son lancement (ce lundi 6 juin), Téléramadan, créé par un trio de potes, Mouloud Achour, ancien chroniqueur de Canal+ et boss de Clique.tv, et les deux journalistes du Bondy Blog Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah, cartonne déjà. « Nous avons reçu énormément de commandes », confirme Mehdi Meklat.
En novembre dernier, les trois amis sont en soirée. Ils discutent de tout et de rien. « Au départ, c’était une blague entre nous. On faisait des jeux de mots. Le titre du magazine est venu bien avant l’idée », détaille Mehdi. Quelques jours plus tard, le 13 novembre 2015, des attentats frappent Paris. Le projet devient alors une réalité. « On a compris qu'on ne peut plus simplement s'opposer, être en réaction. Il faut proposer, créer» précise Mehdi.
Au sommaire de ce premier numéro, qui paraitra une fois par an pendant le ramadan : des portraits, des interviews, des reportages, des tribunes mais aussi des romans photos ou des recettes de cuisine. Avec des invités de marque : la réalisatrice Maïwenn, le photographe Raymond Depardon ou l’écrivaine Faïza Guene. Mais le trio rappelle que « rien n’est figé » et qu’il est ouvert « aux nouvelles écritures ». « Tout le monde ne peut pas écrire dans les médias traditionnels. Il faut le réseau, la carte de presse, etc. Si quelqu’un a une histoire intéressante à raconter, on est preneurs à 1000% », explique Medhi.
Parce qu’ils galéraient à trouver une maison d’édition, qui trouvaient leur projet « trop communautaire », ils ont créé la leur. Ils l’ont appelée « les éditions du Grand Remplacement », en hommage à la théorie défendue par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus. Selon lui, le peuple français « de souche » est en passe d’être remplacé par d’autres peuples, principalement ceux venus du Maghreb et d’Afrique.
Aux critiques que Téléramadan serait communautaire, Medhi Meklat répond :
« Après les attentats du 13 novembre, on est entré dans une période de radicalité de la laïcité et de l'anti-communautarisme. Pourtant,notre société est une agrégation de communautés. La nôtre a 22 ans de moyenne, c'est une communauté de jeunes Français (dois-je le rappeler ?), d'artistes et de créateurs et nous sommes portés par quelque chose. Le contenu est tout sauf radical ».
Dans l’édito du premier numéro 1, Mouloud, Medhi et Badroudine précisent leurs pensées. « Nous revendiquons le « nous » parce qu’il n’est pas une porte fermée, mais une porte ouverte à tous ceux qui voudront bien entrer et danser avec nous. Nos danses sont nos mouvements, mais aussi nos questionnements, nos écritures, nos engagements.
Il est temps de grand-remplacer ce présent qui nous oppresse, qui nous divise. Nous voulons grand-remplacer le désespoir par un idéal : l’écoute et la réflexion. Téléramadan n’est pas une démarche militante. C’est une démarche politique qui passe par la littérature, le regard et la poésie» .Avant de conclure: «Laissez-nous la naïveté de dire qu’on est les potes de personne, mais les frères de tout le monde ».
Nadir Dendoune
Disponible uniquement sur commande, au prix de 10 euros, (https://www.teleramadan.fr/).