Tahar Ben Jelloun : « Personne n’échappe au racisme »

Le 25 mars, il était l’invité de l’ambassade du Maroc à Paris pour évoquer son dernier roman « Le mariage de plaisir », paru chez Gallimard. Tahar Ben Jelloun a parlé avec passion de son ouvrage et du thème qu’il traite : le racisme anti-noir au Maroc.

« Ce livre n’est pas épais, mais j’y ai mis beaucoup de choses ». Deux années de travail et une première version que l’auteur a intégralement jetée à la poubelle. Ce livre, c’est l’histoire d’Amir, un petit bourgeois de Fès, qui choisit Nabou, comme seconde femme. Elle est noire, sa première femme est blanche. Cet ouvrage raconte le quotidien de Nabou, « victime de la couleur de sa peau ».

« Des cousins noirs qui ne mangeaient pas avec nous »

« Je réponds à la définition du romancier de Balzac : je suis celui qui fouille la société ». C’est en ces termes que Tahar Ben Jelloun se définit et, une fois de plus, avec ce dernier roman, il nous prouve qu’il est un écrivain engagé, sans tabou. Le racisme anti-noir est le principal sujet de son livre. Un thème cher à Tahar Ben Jelloun, et ce depuis sa petite enfance. Peut-être était-ce même son premier engagement. Il raconte : « J’avais des cousins noirs qui étaient maltraités dans ma famille (…). Ils ne mangeaient pas avec nous à table. Ils s’asseyaient avec les domestiques ! C’est resté dans ma mémoire… ».

« Apprendre le respect »

« Personne n’échappe au racisme », explique Tahar Ben Jelloun, « c’est presque naturel, dans le sens où cela n’est pas pensé. En quelque sorte, on devient stupide sans s’en rendre compte ». Personne n’échappe donc au racisme, « sauf les enfants qui ont eu une bonne éducation », précise l’écrivain qui « passe son temps à aller dans les écoles. La haine, la peur, c’est facile… le respect, cela s’apprend ». En 1997, Tahar Ben Jelloun a écrit « Le racisme expliqué à ma fille ». A la rentrée, sera publié « Le terrorisme expliqué aux enfants ».

Chloé Juhel

« Le mariage de plaisir », de Tahar Ben Jelloun, paru aux éditions Gallimard