Soutien aux réfugiés : d’un rassemblement unitaire à une joyeuse cacophonie
Unitaire. Tel était le terme sous lequel syndicats, partis politiques et associations voulaient placer le rassemblement organisé à l'initiative de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) en faveur de l'accueil des réfugiés, place de la République à Paris (8 septembre). Si les citoyens étaient bien présents au rendez-vous, le rassemblement n'a pas été, dans les faits, si unitaire que ce à quoi nous pouvions nous attendre.
Dépasser l'émotion
La photo du jeune garçon mort, Aylan al-Kurdi, échoué sur la plage semble avoir accélérer toutes les initiatives gouvernementales en France et en Europe concernant l'accueil des réfugiés. Pour autant, Françoise Dumont, présidente de la LDH, comme tous les cosignataires du rassemblement d'hier soir, tient à rappeler que « L'émotion qu'a suscité la photo de ce petit garçon sur cette plage est légitime. Il faut travailler à ce que cette émotion soit dépassée, à ce qu'elle se transforme en acte politique ». Que les annonces ne restent pas juste des annonces. Une vague d'indignation ayant mené à une suite d'initiatives citoyennes de toutes parts. La présidente de la LDH tient à rassembler tout le monde sous une bannière : « Rien ne serait pire que de considérer toutes ces initiatives comme contradictoires ou concurrentielles. Elles tendent toutes vers le même but ». Et pourtant, alors que cette dernière prononce ces mots au pied de la statue trônant au milieu de la place de la République, des slogans résonnent légèrement en marge de ce rassemblement.
Cacophonie
A quelques pas du rassemblement principal réunissant les militants de la LDH, SOS Racisme, la FIDL et bien d'autres, c'est un petit groupe estampillé Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui tente de hacker la parole. Ici, le but n'est clairement pas d'être unitaire mais de dénoncer un paradoxe comme le confirme leur pancarte « Expulsion de la Halle Pajol en juin 2015. Welcome Refugees made in parti socialiste ». Quelques mètres plus loin, un groupe exclusivement composé de réfugiés scandant « Solidarité avec les réfugiés », quand, dans le même temps, juste à côté d'eux une petite délégation du Droit au logement (DAL) s’époumone : « 1,2,3, l'asile est un droit ». Une joyeuse cacophonie sur la place de la République. Nous sommes très loin du rassemblement unitaire voulu par les organisateurs.
Au même moment, non loin de la place de la République, le PS, de son coté, réunissait 800 personnes au Cirque d'hiver pour soutenir les migrants. Une audience captivée par le témoignage de Jinan, jeune femme yézidie irakienne de 19 ans, retenue 12 semaines comme esclave par les djihadistes de l’Etat islamique. Françoise Dumont, l'a dit, il ne faudrait pas considérer toutes ces initiatives comme « contradictoires ou concurrentielles », mais malheureusement cela semble bien être le cas.
F. Duhamel