Soupçons d’enrichissement personnel de Jean-Marie Le Pen : une enquête est ouverte
Le parquet national financier a ouvert lundi une enquête pour blanchiment de fraude fiscale sur des soupçons de compte bancaire caché à l'étranger qui pourrait appartenir à Jean-Marie Le Pen, ce qu'il nie, a appris l'AFP mardi de source judiciaire. Suisse, Iles vierges et maintenant Bahamas, Tracfin est à la recherche d’environ 2,2 millions d’euros qui appartiendraient au co-fondateur du parti d’extrême droite.
Des lingots et pièces d’or
Fin avril, Mediapart avait révélé l'existence d'un signalement de la cellule de renseignements financiers Tracfin évoquant un trust géré à Genève, dont l'ayant droit serait l'assistant personnel de Jean-Marie Le Pen, et qui comprendrait un compte abondé à hauteur de 2,2 millions d'euros, dont 1,7 sous forme de lingots et de pièces d'or.
Contacté mardi, Jean-Marie Le Pen a nié toute implication dans un trust à l'étranger. « Je le nie. Ce n'est pas parce que Mediapart dit quelque chose que c'est une vérité évangélique », a-t-il déclaré.
Dans son signalement, Tracfin évoque l'existence d'un trust basé aux Iles vierges britanniques et géré à Genève pour le compte de Gérald Gérin, l'assistant personnel de Jean-Marie Le Pen, selon une source proche du dossier. Selon cette source, le compte aurait été clôturé en 2014 et les fonds transférés dans une banque aux Bahamas. « Tous ces éléments doivent faire l'objet de vérifications », a précisé la source proche du dossier. « Je n'ai rien à dire » sur cette affaire, a déclaré pour sa part Gérald Gérin.
Très proche de Jean-Marie Le Pen, qu'il accompagne dans tous ses déplacements, Gérald Gérin apparaît aussi comme le trésorier de son microparti, Cotelec. Au Parlement européen, il est l'assistant de l'eurodéputée Marie-Christine Arnautu, elle aussi très proche de l'ancien président du FN désormais suspendu du parti d'extrême droite.
Une précédente enquête ouverte par le parquet de Paris visait déjà le patrimoine de Jean-Marie Le Pen et un enrichissement de 1,1 million d'euros entre 2004 et 2009, années de début et de fin d'un de ses mandats de parlementaire européen. Cette procédure, dans laquelle la question de la prescription pourrait se poser, est désormais associée à l'enquête du parquet national financier, a précisé la source judiciaire.
Jean-Marie Le Pen avait admis en 2013 avoir détenu un compte en Suisse ouvert à l'UBS en 1981, une affaire déjà évoquée par le passé. Il avait alors parlé d'une opération d'emprunt pour sa société de disques de l'époque, la Serp.
Rached Cherif
(Avec AFP)