Saint-Gratien : la maire boycottera tous les magasins qui emploient des vendeuses voilées

 Saint-Gratien : la maire boycottera tous les magasins qui emploient des vendeuses voilées

Jacqueline Eustache-Brinio


 


En avril 2016, Elisabeth Badinter, riche femme d’affaires et épouse de l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter, appelait au boycott des marques qui se lancent dans la mode islamique. Ce 5 juin, Jacqueline Eustache-Brinio, maire LR de Saint-Gratien, petite ville du Val-d’Oise (95), aux portes de Paris, a prévenu sur sa page Facebook qu’elle boycottera tous les magasins qui emploient des vendeuses voilées.


 


« Je sais que je vais encore déranger, mais au nom des combats qui me sont chers : l'égalité homme/femme, la lutte contre tout ce qui rend les femmes invisibles, la laïcité, le soutien aux femmes qui refusent de porter le voile, j'ai décidé de boycotter tous les magasins qui m'imposent des vendeuses et des caissières voilées, le premier de cette liste : La Grande Récrée à Argenteuil », écrit Jacqueline Eustache-Brinio.


« Cet appel est une incitation claire à la discrimination envers les salariées de confession musulmane voilées, qui sont déjà fortement stigmatisées et mises à l’écart de la vie sociale, politique et économique, comme le démontrent de nombreuses enquêtes », dénonce Lila Charef, responsable du pôle juridique au CCIF (Collectif contre l’Islamophie en France). « On veut déjà leur interdire d'aller à l'Université, d'accompagner leurs enfants à l'école et désormais, certains aimeraient qu'elles n'aillent pas travailler. En agissant de la sorte, la maire de Saint-Gratien veut décourager les entreprises à engager les femmes qui portent un foulard ».


Ce n’est pas la première fois que la maire fait parler d’elle sur ces questions liées à l’islam. En octobre 2011, une association musulmane de la ville, l’AFMSG, avait déposé plainte contre elle, après que des policiers municipaux ont relevé les numéros des plaques d’immatriculation des fidèles participant à la grande prière du vendredi (le 19 août 2011).


Pendant le ramadan de la même année, l'association avait dû également faire intervenir le juge des référés pour obtenir le droit de louer une salle municipale où organiser la prière. Le refus de la municipalité qui « ne met pas à disposition des locaux à des fins de pratiques cultuelles » avait alors été jugé « manifestement illégal ».


Nos tentatives pour joindre Jacqueline Eustache-Brinio sont pour le moment restées vaines.


 


Nadir Dendoune