« Rue des allocs » sur M6 : le CSA saisi par des téléspectateurs
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) va instruire le dossier du docu-réalité « La rue des allocs », dont les deux premiers volets ont été diffusés mercredi soir sur M6, après en avoir été saisi par des téléspectateurs. Plusieurs médias et des associations accusent son réalisateur, Stéphane Munka, de caricaturer et de stigmatiser la détresse sociale d'un quartier d'Amiens (Somme).
Titre racoleur
« Quelques dizaines de signalements ont été déposés en ligne sur le site du CSA par des téléspectateurs dans la soirée de mercredi et jeudi matin », a indiqué une porte-parole du Conseil supérieur de l'audiovisuel. « Le dossier va donc être instruit et rendra sa décision suivant la procédure classique comme c'est le cas dès lors qu'un programme est signalé », a-t-elle précisé.
La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) avait appelé mercredi le CSA à intervenir « pour suspendre la diffusion » du programme « stigmatisant et honteux face à la détresse sociale que vivent près de 8 millions de personnes pauvres en France ».
« Comment s'en sort-on avec moins de 1000 euros par mois »
Adaptée de « Benefits Street », une émission anglaise, la série « La rue des allocs » s'est attachée à « capter la réalité » d'un groupe d'habitants du quartier de Saint-Leu, l'un des plus pauvres d'Amiens, frappé par la crise de 2008, avait déclaré Stéphane Munka avant la diffusion du programme. Saint-Leu connaît « un taux de chômage de près de 40 % » (contre 19 % pour Amiens), précise-t-il. La « plupart » des habitants « vivent des allocations, de la débrouille parfois, et peinent à joindre les deux bouts », souligne le docu-réalité.
« Le vrai discours du doc est de dire que le chômage détruit », s'était défendu Stéphane Munka, « ce sont les images banales du désespoir », des gens marginalisés, privés d'une vie active. « Comment s'en sort-on avec moins de 1000 euros par mois ? » interroge en substance sa série, avait-il plaidé, affirmant vouloir « donner des visages aux chiffres du chômage ».
Aucune date pour les deux épisodes suivants n'a encore été annoncée par M6.
Rached Cherif
(Avec AFP)