Rencontres « Quartiers et Cités » : se réapproprier son image par la culture
Ces trente dernières années, et même un peu avant, l'art et la culture ont été très liés aux luttes politiques des quartiers populaires. Ce week-end (25-27 mars), le Tactikollectif proposait l'événement « Quartiers et cités : de l'action au front culturel », trois jours de rencontres, projections, concerts et bien d'autres, autour de ces actions culturelles nées dans les quartiers. Si elles n'ont pas perduré, ces actions ont eu le mérite de lancer une dynamique.
Des quartiers à… la Palestine
Des festivals pour réveiller l'activité culturelle des quartiers mais l'enjeu va même bien au-delà. Dans les années 90, le festival « Caravane des quartiers » parcourait les routes de France et chaque halte dans les quartiers était l'occasion d'échanges et d'expressions entre les festivaliers et les habitants.
Joss Dray, photographe sur le festival, mais qui travaillait aussi pour une ONG palestinienne, a très vite ressenti l'importance d'un tel festival : « Ce travail avec la caravane, ça ne pouvait pas être juste un témoignage. Il fallait travailler avec les gens pour qu'ils se réapproprient leur image. C'est comme ça que je me suis mise à travailler à Villiers-le-Bel et au Blanc-Mesnil, avec les gens (…) Les habitants des quartiers, comme les Palestiniens, n'arrivaient pas à s'approprier leur image et à la transmettre ».
Une analogie étonnante mais qui résume bien la façon dont elle a perçu l'isolement de ces quartiers.
Enjeu mémoriel
Transmettre semble une évidence, mais transmettre quoi ?Salah Amokrane, membre du Tactikollectif insiste également sur la réappropriation de la mémoire : « Dans les festivals, les citoyens créent leurs propres espaces, où ils vont définir leurs règles du jeu (…) Nous devons nous emparer de cette mémoire parce que la culture est la dernière chose qu'il nous reste ».
La culture comme moyen d'expression ultime de quartiers dont la parole est souvent spoliée. Les festivals comme lieux d'expressions autogérés mais également lieux de rencontres pour un mouvement plus global : « Nous sommes toujours en quête d'un mouvement national, de cette idée-là. La caravane nous a permis de connaître des personnes dans la France entière ».
Encore aujourd'hui, malgré quelques initiatives d'envergure comme le Forum Social des Quartiers Populaires par exemple, seuls les drames permettent de créer un sentiment d'union. Des initiatives comme ces trois jours de rencontres pourraient permettre de changer la donne.
F. Duhamel