Relaxe définitive pour les policiers responsables de la mort de Zyed et Bouna

 Relaxe définitive pour les policiers responsables de la mort de Zyed et Bouna

Manifestation à la mémoire de Zyed Benna et de Bouna Traoré le 27 octobre 2007 à Clichy-sous-Bois. (© AFP Stephane de Sakutin)


 


On s'y attendait un peu : le tribunal correctionnel de Rennes a prononcé ce lundi 18 mai, la relaxe des deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne à danger après la mort par électrocution, le 27 octobre 2005, des deux adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré, dans un transformateur EDF de Clichy-sous-Bois. La relaxe est définitive. Les familles ont en outre été jugées irrecevables à se constituer partie civile.


 


Après une procédure longue de 8 ans, le tribunal a considéré que ni Stéphanie Klein, la policière stagiaire qui assurait ce soir-là la permanence téléphonique du central, ni Sébastien Gaillemin qui a participé à la course-poursuite, n'avaient eu "une conscience claire d'un péril grave et imminent". Curieusement, il a estimé que la phrase prononcée par ce dernier sur les ondes de la police – "S'ils entrent ici, je ne donne pas cher de leur peau" – ne suffisait pas à établir avec certitude que le policier avait conscience du danger mortel couru par les adolescents. Au contraire, indique le jugement, "si Sébastien Gaillemin avait eu conscience d’un péril grave et imminent, il n’aurait pas manqué de réagir". 



Ces arguments avaient été développés à l'audience par la procureure Delphine Dewailly en soutien de la relaxe des deux prévenus. "Dire que les policiers auraient acculé ces jeunes ne correspond pas à la réalité, avait-elle souligné en rappelant que pour condamner, le droit exige une certitude. Or, cette certitude que les trois adolescents sont entrés dans la centrale et qu’ils courent un péril imminent, ni Sébastien Gaillemin ni Stéphanie Klein ne l’ont. Quelle raison auraient-ils eu de laisser deux jeunes courir un danger mortel ?" A l'adresse du tribunal, la procureure avait ajouté : " Oui, votre décision est attendue, mais elle ne doit être dictée ni par le désir de plaire, ni par la crainte, ni par le retentissement médiatique de ce dossier. 



Le tribunal s'en est tenu à la stricte application du droit alors que les avocats des familles, Mes Emmanuel Tordjman et Jean-Pierre Mignard l'avaient appelé, dans leurs plaidoiries d'une exceptionnelle qualité, à aller au-delà et à donner à leur décision une portée symbolique. "Vous devez à la fois condamner et réconcilier. Les Français doivent savoir que, d’où que l’on vienne, on a droit à la loi", leur avait lancé Me Mignard. Considérant que ce soir-là, les policiers n'avaient agi  "qu’avec une partie de leur intelligence, qu’une partie de leur cerveau, leur cerveau interpellateur",  il avait demandé un tribunal de prononcer une décision susceptible de rappeler aux yeux de l'opinion publique que la police a aussi pour mission de "porter secours". En vain….


Nadir Dendoune