Régionales : Les politiques ont-ils enfin pris la mesure du danger FN ?

 Régionales : Les politiques ont-ils enfin pris la mesure du danger FN ?

Marine Le Pen a tenu un discours triomphant malgré son échec à gagner une région au soir du deuxième tour. Eric Feferberg/AFP


Résultats très serrés au soir du second tour, qui voit la droite l’emporter dans 7 régions, contre 5 pour la gauche, alors que l’extrême droite ne gagne aucune région. Sur fond de participation en nette hausse, les fronts républicains dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie et en PACA ont fonctionné, barrant la route au Front national arrivé en tête au premier tour dans ces deux régions.


 


La demi-défaite du FN


Le nouveau président de la grande région du nord est apparu soulagé peu après 20 h et l’annonce de sa victoire avec 57 % des voix. Alors que Marine Le Pen ambitionnait de gagner pour la première fois une région française, elle ne parvient pas à briser le plafond des 50 % après avoir pourtant récolté 41 % des voix au premier tour. Le candidat des Républicains a été chaleureusement applaudi dans son QG lorsqu’il a remercié les « électeurs de gauche » qui se sont reportés sur sa liste au second tour, permettant de faire « rempart » à l’extrême droite.


Malgré la défaite, Marine Le Pen arborait son sourire des soirs de victoires. Triomphante, elle a remercié ses électeurs pour ce « formidable succès », parlant notamment de « l’éradication totale dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie et en PACA d’un Parti socialiste totalement malfaisant ». Pour elle, ce scrutin confirme « la montée inexorable, élection après élection, du mouvement national ».


Difficile en effet de la contredire puisque le nombre de conseillers régionaux FN va presque tripler et que le parti d’extrême droite bat un double record : celui du score avec plus de 28 % au niveau national et celui du nombre de voix avec plus de 6,6 millions de voix. Fort de ces résultats, la fille du fondateur du FN estime que « rien ne pourra (l’)arrêter ».


 


Bonne résistance de la gauche


Comme presque tous les candidats – hors FN – qui se sont exprimés dans la soirée, Nicolas Sarkozy a dit « ne pas oublier les avertissements adressés à tous les responsables politiques », en référence au score de l’extrême droite. Certes, les discours affirmant prendre acte de la montée du FN sont devenus un refrain récité après chaque élection, mais « ils semblaient être vraiment sincères » dimanche soir, a souligné Nathalie Saint-Cricq, la chef du service politique de France 2.


Ainsi, le premier ministre Manuel Valls voit dans le vote des Français « une injonction à en finir avec les petits jeux politiciens », tout en les remerciant d’avoir « répondu à l’appel clair, net, courageux à faire barrage à l’extrême droite ». Il n’y a « aucun soulagement, aucun triomphalisme, le danger de l’extrême droite n’est pas écarté », a-t-il précisé.


 


Tour préliminaire de la présidentielle de 2017 ?


Même s’ils affichaient leurs mines des mauvais jours, les chefs de file socialistes pouvaient se réjouir de la résistance de la gauche lors du scrutin. Même si elle cède plusieurs régions à la droite, la gauche résiste bien en conservant le contrôle de presque la moitié des régions. Le patron des Républicains, Nicolas Sarkozy, déjà contesté en interne, est encore plus fragilisé par ce demi-succès, alors que le parti tablait sur une vague bleue.


Sa candidature pour la présidentielle de 2017 est loin d’être acquise, pendant que la gauche semble se relancer après les cuisantes défaites aux européennes et aux municipales. Reste l’inconnu du score du Front national dans 18 mois, qui dépendra autant du contexte sécuritaire que de la capacité du gouvernement à faire régresser la xénophobie et l’islamophobie, fonds de commerce lucratifs de l’extrême droite.


Rached Cherif