Régionales en PACA : le nivellement par l’extrême droite

 Régionales en PACA : le nivellement par l’extrême droite

Les sondages donnent Christian Estrosi (LR) et Marion Maréchal Le Pen (FN) au coude à coude en région PACA.


Au coude-à-coude loin devant la gauche dans les sondages en PACA, Christian Estrosi (Les Républicains) et Marion Maréchal Le Pen (FN) se disputent l'électorat de droite, convaincus que les « digues » qui contenaient le vote pour le Front national se sont estompées dans la région. La gauche à la tête de la région depuis 1998, ne semble plus en mesure de jouer les premiers rôles.


 


Implantation de longue date du FN en PACA


En PACA, l'extrême droite dirige plusieurs municipalités. Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi font jeu égal dans les sondages, autour de 36% des voix au second tour. « La gauche n'est plus qu'un acteur marginal et la concurrence principale est entre la droite et l'extrême droite », analyse le politologue Joël Gombin. « L'ancrage du Front national est tellement ancien et important que la porosité (entre ces électorats) joue dans les deux sens » dans cette région, ajoute-t-il.


Au fil des élections, le Front national continue d’ailleurs de grignoter l'électorat de droite, captant un cinquième des électeurs qui avaient voté Nicolas Sarkozy en 2012, et un quart de ceux qui avaient voté aux régionales de 2010 pour l'UMP, selon un sondage IFOP fin octobre. « Les gens qui votaient socialistes ou UMP, maintenant, osent franchir le pas », s'enthousiasme Corinne Perez, conseillère d'arrondissement frontiste à Marseille.


« Plus personne ne refuse nos tracts, on ne nous traite plus de “fachos” », se réjouit Mme Perez. Un agent immobilier, qui a toujours voté à droite, jamais FN, est tenté. « Jean-Marie Le Pen me faisait peur, mais maintenant, je réfléchis », explique-t-il en prenant un tract du parti d’extrême droite.


 


La gauche marginalisée


Du côté de Christian Estrosi, dont les équipes de campagne sillonnent une région dirigée depuis dix-sept ans par la gauche, on ne veut pas s'affoler de cette concurrence à droite. « Les électeurs n'appartiennent à personne », déclare M. Estrosi. Le vent tournera « quand les gens vont commencer à regarder de près ce qui va se passer chez eux » et décider de faire « confiance en ceux qui ont l'expérience », assure-t-il.


Le maire de Nice conserve des réserves de voix solides du côté des aînés : les plus de 65 ans sont près de quatre fois plus nombreux à le préférer au premier tour, même si dans cet électorat qui vote d'habitude peu pour l'extrême droite, « Marion-Maréchal Le Pen gagne des points », explique Esteban Pratviel, chargé d'études à l'IFOP.


 


Surenchère sécuritaire


La sécurité, thème de prédilection des deux candidats, fait l’objet de surenchères à chaque prise de parole. Lors du débat télévisé opposant les têtes de liste, M. Estrosi, accusé par les candidats de gauche de courir après l'extrême droite, a proposé d'équiper les quais de TER de portiques de sécurité, quand sa rivale veut créer une police des transports.


Après un premier tour passé à chasser sur les terres du FN, la stratégie LR du second tour pourrait bien être de se poser en rempart contre cette extrême droite avec laquelle la distinction est de plus en plus difficile pourtant. L’ancien ministre a commencé d'envoyer des signaux dans ce sens, avec notamment un comité de soutien hétéroclite, réunissant des personnalités comme le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal, qui a appelé à faire barrage aux « chemises noires » du FN.


Rached Cherif


(Avec AFP)