Réforme du droit d’asile : la grande déception
En novembre 2015, dans un contexte d'arrivée massive de réfugiés en France en Europe, la réforme du droit d'asile suscitait de grands espoirs de changements. Or ni la simplification des procédures, ni la baisse des délais, pourtant promis, n'ont pu être constatées. Aujourd'hui (20 juin), dans le cadre de la Journée Mondiale des Réfugiés, les travailleurs sociaux de l'asile appellent à un rassemblement pour dénoncer la situation de l'accueil des demandeurs d'asile en France.
Attente allongée
Le Collectif Asile, qui rassemble des travailleurs du secteur de l'asile, dénonce le non-respect manifeste des délais légaux d'enregistrement de la demande d'asile, soit dix jours maximum. Le Guichet Unique de Demande d'Asile (GUDA), qui devait aider à simplifier les procédures, crée finalement une attente qui peut durer plusieurs mois, ce qui n'est pas sans conséquences : « Une partie de la demande d’asile est doncrendue invisible, condamnant ainsi plusieurs milliers de personnes vulnérables à vivre pendant plusieurs mois en situation irrégulière, dans une grande précarité, sans accès aux droits fondamentaux et avec le risque d’être arrêté, retenu et expulsé ». Des demandeurs d'asile mis en situation de danger, des chiffres biaisés, la réforme de l'asile est bien loin de tenir ses promesses.
Plateformes peu accessibles
Avant d'engager une démarche de demande d'asile, les candidats sont tenus de se pré-enregistrer dans des Plateformes d'accueil des demandeurs d'asile (PADA). Les conditions de travail de ces PADA subissent une très forte dégradation, la qualité de l'accueil en étant forcément impactée. Les témoignages venant de toute la région parisienne sont accablants : plusieurs nuits d'attente devant les PADA, tensions, accès aux PADA un jour toutes les deux à trois semaines, prise de rendez-vous via un numéro payant et tout le temps saturé… « Toutes les personnes qui ne parviennent pas à appeler la PADA ne sont pas considérées comme des personnes manifestant leur volonté de demander l'asile, un moyen détourné pour les autorités de ne pas violer le délai légal d'enregistrement de la demande d'asile de trois jours » s'indigne le Collectif Asile.
Ce dernier, appelle donc à un rassemblement aujourd'hui (20 juin) devant l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), afin que le gouvernement tienne les promesses faites à peine huit mois auparavant…
F. Duhamel