Quand des médecins rackettent les demandeurs d’asile en échange de certificats médicaux

 Quand des médecins rackettent les demandeurs d’asile en échange de certificats médicaux

La mise en cause d’un médecin d’un hôpital parisien a mis en lumière une pratique loin d’être isolée.


La mise en cause début mai d’un médecin de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris a provoqué une vague d’indignation dans la profession. L’hépatologue est mis en cause dans une affaire de racket de migrants auxquels il promettait un certificat médical devant faciliter leur procédure de régularisation en échange d’importantes sommes d’argent en liquide.


Un cas loin d’être isolé selon les associations de défense des droits des migrants et demandeurs d’asile, qui avaient déjà alerté le ministère de la Santé. C’est notamment le cas de la Cimade (Comité intermouvements auprès des évacués), l’une des principales organisations venant en aide aux étrangers. « Cette affaire est l'arbre qui cache la forêt. Nous avons constaté que de nombreux médecins se livraient à un racket auprès des migrants », s’indigne dans le Parisien Laura Petersell, chargée de la thématique santé de la Cimade.


Elle explique que de nombreux médecins s’adonnent à des trafics similaires auprès de personnes en situation de détresse. En échange de plusieurs centaines d’euros parfois, ils établissent des « certificats médicaux selon lesquels leur pathologie peut ouvrir droit à une demande de titre de séjour sur le territoire national ». Or, ces personnes sont couvertes par la CMU ou par l’AME (aide médicale d’État) pour celles qui sont en situation irrégulière, elles n’ont donc pas à avancer leurs frais médicaux, ni même les dépassements d’honoraires.


Par la voix de son responsable de l’éthique et de la déontologie, le Conseil de l’ordre des médecins confirme l’irrégularité de ces procédés. « De tels manquements justifient une procédure disciplinaire. Il n'y a pas de dépassements d'honoraires à demander à des patients vulnérables, relevant de la CMU. Ce sont des pratiques intolérables », a martelé Dr Jean-Marie Faroudja.


Rached Cherif