Primaire de la gauche : Hamon se félicite d’avoir imposé « ses thèmes » de campagne

 Primaire de la gauche : Hamon se félicite d’avoir imposé « ses thèmes » de campagne

Benoit Hamon


En meeting à Paris, Benoît Hamon, candidat à la primaire socialiste élargie, s'est dit « heureux » d'avoir réussi à « structurer » la campagne de la primaire autour de ses propositions, en défendant au passage son revenu universel d'existence face aux critiques de Manuel Valls notamment. Le candidat est apparu décontracté et bien préparé à l’exercice du meeting en déroulant les divers thèmes sa campagne. Tout en refusant de faire d’aller sur le terrain de l’identité, il a exposé sa vision pour une laïcité qui « protège » et non une laïcité qui stigmatise l’islam.


 


« On ne parlait que des questions identitaires »


« Quand j'ai commencé la campagne on ne parlait que d'identité, sécurité… C'était là-dessus qu'allait se jouer l'élection à gauche », a souligné le député des Yvelines en meeting cette semaine à l'Institut national du judo dans le XIVe arrondissement à Paris. « On ne parlait que des questions identitaires et il fallait incarner (…) la fermeté », a-t-il poursuivi, ironique, en allusion à Manuel Valls. « Mais le débat a finalement réussi à se structurer autour des questions que nous avons mises sur le devant de la scène, j'en suis très fier », a-t-il assuré, en citant le « revenu universel », les « perturbateurs endocriniens », le « 49-3 citoyen ».


En matière de laïcité, il a défendu l’esprit de la loi 1905 et la protection de la liberté religieuse. Il a notamment dénoncé « la laïcité utilisée comme un glaive pour stigmatiser une religion en particulier : l’islam », ciblant implicitement Manuel Valls. « Je serai intransigeant », a-t-il martelé à l’encontre de la minorité extrémiste qui essaie « d’imposer son mode de vie à la République ». Mais, ils ne doivent pas être le prétexte pour discriminer tous les musulmans « qui ont toute leur place en France ». Au-delà de l’islam, il promet de ne pas tolérer « les discriminations que subissent encore trop de nos concitoyens en raison de leur sexe, de leur couleur de peau, de leur handicap ou de leur orientation sexuelle. » 


Le candidat à la primaire de la gauche s’est également dit favorable à l’instauration du récépissé de contrôle d’identité. Une mesure « qui a eu du succès dans les pays où elle a été mise en œuvre ». Le récépissé peut même « apaiser et pacifier les relations entre la police et les jeunes des quartiers », explique-t-il. Il a aussi prôné le droit de vote pour les étrangers non communautaires, regrettant que François Hollande n’ait pas tenté de concrétiser cette promesse faite en 2012.


Dynamique positive


À trois jours du premier tour du scrutin, et alors qu'il bénéficie d'une dynamique favorable dans les sondages, M. Hamon a « tordu le cou » aux attaques de ses concurrents dont il est la cible ces derniers jours, tout en admettant que certaines « ont fait mouche » et ont permis « d'améliorer » son projet. Il a notamment répondu à Manuel Valls qui avait assuré que sa proposition de revenu universel instaurait « une société du farniente ».


« On dit le revenu universel, société du farniente, de la paresse, incitation à l'oisiveté, Hamon veut payer des gens à dormir. J'observe qu'au Medef, grâce à la rente, beaucoup de gens sont payés à dormir », a plaisanté l'ancien ministre de l'Éducation devant un public conquis. Il a regretté que ces critiques viennent de la gauche : « Quand Michel Rocard a créé le RMI (en 1988, NDLR), on a entendu les mêmes choses de la part de la droite. On prend des arguments à la droite ! Ces arguments-là ne sont pas recevables », a-t-il déploré.


Rached Cherif