Présidentielle 2017, les jeux sont faits, à vos pronostics !
De quelles données disposons-nous pour faire un pronostic plus rationnel que les spéculations basées sur l'affect des uns et des autres à propos de la #présidentielle2017 de demain dimanche 23 avril ? Le vote extrême droite est-il sous-évalué ? Le phénomène Mélenchon n’est-il qu’une bulle médiatico numérique ? Voici quelques éléments de réponse.
Le dernier grand scrutin en France fut celui des municipales de 2015 (avec 58.41% de taux de participation), le Front National y avait réalisé une percée historique à 27.10% (avec un pic à 45.22% en région PACA, son fief), après que Marine Le Pen n’avait fait que 17.9% à la présidentielle de 2012, un score stable depuis les 17.79% de son père Jean-Marie Le Pen au second tour dix ans plus tôt en 2002.
Mais même si Marine Le Pen a fait, de l’avis de nombreux analystes, une campagne moyenne en 2017 (pas épargnée par les affaires de corruption, polémique sur le Vel d’Hiv, etc.), elle bénéficie pour le scrutin de dimanche du plus grand facteur inédit favorable : le contexte mondial de la vague populiste dite « anti système », anti immigration et anti oligarchies, qui fut l’élément de surprise décisif fin 2016 pour Trump, même si cela commence à s’essouffler en Europe après le récent échec de Geert Wilders au Pays-Bas.
Ainsi le 15 mars, le parti xénophobe néerlandais, favori des sondages, est arrivé 2ème et perdait 5 sièges au Parlement présidé par l'écrivaine néerlando-marocaine Khadija Arib.
Donnée à 22,5% d’intentions de vote au premier tour, juste derrière Macron (24,5%) par l’ultime sondage légal de l’IFOP d’hier vendredi 21 avril 18h00, il y a donc toujours des raisons de penser que cette prédiction est sous-évaluée, en deçà de la réalité, quand bien même le taux de participation à une présidentielle (80.35% en 2012) est bien supérieur à celui des municipales.
Fin mars, une autre estimation plaçait Marine Le Pen à 25%, contre 26% pour Macron. Une partie non négligeable du réservoir de vote droite dure Filloniste devrait aussi revenir à Le Pen, en raison des affaires qui ont éclaboussé François et Pénélope Fillon. Le matraquage du site d’info alternatif Egalité & Réconciliation, en plein essor, est aussi un atout non négligeable pour Le Pen, en plus du soutien de la « Dieudosphère ».
A la dernière présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon avait réalisé un score de 11,1% au premier tour. Depuis, le Parti de gauche est demeuré stable, entre 10 et 11% à diverses échéances électorales dont les élections européennes. Au dernier sondage IFOP d’hier, Mélenchon est à 18,5% d’intentions de vote (et même 19,4% selon le Huffington Pollster), soit un bond spectaculaire de 4,5 points depuis fin mars 2017 où il plafonnait à 14%, largement issu du déport de voix de Benoît Hamon qui s’effondre à 7%.
Autre élément en faveur de Mélenchon, sa campagne proche du sans faute sur les réseaux sociaux où il est le seul candidat à avoir fidélisé une audience jeune : la chaîne Youtube du candidat affiche en effet un impressionnant 310.000 abonnés, et il n’est pas rare que ses vidéos dépassent le demi-million de vues, comme ici celle du « meeting pour la paix » de Marseille la semaine dernière.
Malgré cela, de nombreux analystes estiment que la bulle Mélenchon reste quant à elle surévaluée, du moins en aucun cas 2ème. Non seulement ses ambiguïtés sur la question des droits humains en Syrie sont de plus en plus claires aux yeux de l’opinion, mais ses positions « laïcardes » agacent de plus en plus de larges franges de la population en rupture avec cette approche stricte de la laïcité.
Demain dimanche, Le Courrier de l’Atlas vous fera parvenir en direct les premières tendances du vote de l’étranger, avec notamment le vote des Français résidents en Tunisie.
Seif Soudani