Pratiques discriminatoires dans l’accès au logement à Lille

 Pratiques discriminatoires dans l’accès au logement à Lille

Photo d’illustration. Affiches publicitaires d’agences immobilières à Lille. PHILIPPE HUGUEN / AFP


 


Depuis deux ans, le Collectif Kif Kif, basé à Lille, réalise des opérations de testing pour lutter contre les discriminations. Jusqu’alors ce sont les bars qui avaient été testés. Cette fois, l’association s’est penchée sur l’accès au logement. Et les conclusions n’ont, une fois de plus, rien de surprenant.


 


Du 22 au 26 juin et du 6 au 7 juillet, 34 agences immobilières ont été testées dans le parc locatif privé sur la métropole Lilloise. 136 appels ont été émis auprès de professionnels de l’immobilier dans différents quartiers: Wazemmes, Fives, Vauban, Vieux Lille, La Madeleine, Marcq-en-Barœul, Croix, Mouvaux, Roubaix. Ces appels ont ensuite été évalués à travers une grille d’analyse par des habitants, étudiants, militants associatifs, institutionnels.



En CDI depuis 3 ans



Trois profils de personnes ont participé au testing. Le « référent » (Corinne Gosselin, 35 ans, travailleuse sociale), l’« accent étranger » (Abdel Malik Mahajoubi, 33 ans, technicien informatique), la « mère célibataire » (Nathalie Bénistant, 34 ans, animatrice socio-culturelle) et le « sous curatelle » (Jean-Philippe Vercambre, 39 ans, administrateur de réseaux). Tous sont en CDI depuis 3 ans.



Moins bien accueilli



Voilà pour la méthode. Pour ce qui est des résultats maintenant : le « référent » fait face à un bon accueil téléphonique dans 67,7% des cas, l’« accent étranger » dans 55,9% des cas, la « mère célibataire » dans 61,8% des cas et le « sous curatelle » dans 64,7% des cas. Le bilan est clair : la personne à l’« accent étranger » est d’emblée moins bien accueillie que la personne « référent ».




Le moins de rendez-vous



Les différences de traitements entre les différents profils se manifestent également par la quantité et la nature des informations et des documents demandés. Ainsi, alors qu’on a demandé 8 fois au « référent » son type de contrat et 11 fois le montant de son salaire, on a interrogé le testeur accent étranger sur ces mêmes critères respectivement 13 et 15 fois. A noter également que l’« accent étranger » a été confronté à des demandes spécifiques : sa profession, ses trois dernières fiches de paye et sa pièce d’identité. Enfin, il est le profil qui obtient le moins de rendez-vous.



75 000 euros d’amende


Depuis 2000, le testing est un mode de preuve devant un tribunal. La peine maximale encourue par les personnes coupables d’un refus de vente d’un bien ou d’un service au motif d’une discrimination est de 75 000 euros d’amende et 5 ans de prison.


 


Chloé Juhel


Collectif Kifkif


5, rue de Magenta


59000 Lille, France


Tel : 33 3 20 10 07 45