Pour Pâques, les enseignants du 93 chassent les lingots devant les établissements parisiens
« Des moyens, il y en a, dans les poches des classes prépa ! » le slogan résonnait hier (6 avril), dans les rues désertées du Vème arrondissement de Paris. En ce lundi de Pâques, le ministère des Bonnets d’âne, collectif d’enseignants et de parents d’élèves de Seine Saint-Denis (93), organisait une chasse aux œufs symbolique pour demander plus de moyens pour les écoles du département. Initiative décalée mais problème bien réel qui perdure depuis des années.
Chasse aux moyens
Enseignants et parents d’élèves, accompagnés d’une vingtaine d’enfants, organisaient une chasse aux « œufs d’or », une chasse aux moyens, en faisant le tour des grands établissements parisiens comme la Sorbonne, le Lycée Louis le Grand, le Collège de France ou encore l’Ecole Polytechnique. Ceci afin de réclamer des moyens équivalents à ceux alloués à ces établissements : « Nous voulons l'égalité. Nous ne voulons pas leur en enlever pour nous donner, nous voulons en recevoir autant » explique Mach-Houd Kouton. Pourquoi faire cette action un jour férié ? Le choix était tourné vers une catégorie spécifique du collectif : « C'est un jour férié pour la plupart des gens, donc ça libère aussi les parents. Beaucoup de parents sont engagés mais l'Education nationale nous dit « Nous ne les voyons pas ! ». Forcément beaucoup travaillent et s'occupent des enfants ». Pour l’occasion, parents et enfants défilaient ensemble, écrivant des slogans à la craie tout au long du parcours.
Timide mesure
Si l’Education nationale est mise sous pression, le collectif reconnaît tout de même un début de réaction. Toutefois, la simple mise en place d’un concours exceptionnel pour l’académie de Créteil ne pourra régler tous les problèmes selon Mach-Houd Kouton : « On ne peut que s'en féliciter, mais seuls 500 postes sont ouverts à ce concours. Ce qui d'une part, n'équivaut pas à 500 équivalents temps plein (…) Nous ne savons pas combien nous aurons d'enseignants titulaires équivalents temps plein. D'autre part, ça ne compense même pas la croissance démographique, les mutations… Nous sommes loins du compte mais c'est une avancée ». Une avancée qui aura également servi à tordre le cou à une idée largement répandue : « Malgré tout il y a des candidats. 11 000 personnes se sont inscrites, alors que l'on a beaucoup entendu le discours du ministère et même des inspecteurs d'académie dans le département, dire aux gens : « votre département n'est pas attractif » ».
Un comité technique spécial départemental (CTSD) concernant les moyens alloués pour la rentrée 2015 a lieu aujourd’hui (7 avril). Le ministère des Bonnets d’âne, créé en octobre dernier, continue ses actions aussi créatives qu’utiles (comme adopteunprof.com entre autre) en espérant faire pencher la balance du côté des enfants de Seine Saint-Denis.
F. Duhamel