Post-révolutions arabes : une liberté d’expression limitée
Les révolutions qui ont eu lieu dans le monde arabe faisaient naître une vague d'espoir. Le changement prend du temps, la mutation est un processus long. Une nouvelle vague d'artistes portent, à travers leurs messages, les revendications de tout un peuple. Mais la révolution n'a pas tout réglé et la répression reste bien présente et pesante…
« Comme avant »
« Le changement a duré quelques mois, après c'est redevenu comme avant. Même avec la révolution, tout le monde sait qu'on ne peut pas dire ce qu'on veut » explique le rappeur Weld el 15. Comme quelques artistes africains, le Tunisien était invité à l'Institut du monde arabe (25 juin), dans le cadre du festival Paris Hip Hop, pour discuter sur le sujet « Rap et liberté d'expression ». Weld el 15 travaille aujourd'hui en France dans des conditions plus favorables : « Là-bas, les conditions ne sont pas bonnes, pour faire des concerts par exemple. Là-bas, il n'y a pas de marché du disque ».
Obstacles
Emprisonné pendant huit mois en 2013 pour avoir insulté la police tunisienne, le rappeur tunisien avait acquis une certaine notoriété. Ce dernier avait également dénoncé, entre autre, la dureté de la loi 52, loi anti-cannabis, selon laquelle tout fumeur s'expose à un an de prison. « Même si le président a dit qu'il allait s'occuper de cette loi, encore aujourd'hui, beaucoup de monde tombe à cause de cette loi, chaque jour. Je ne crois absolument pas ce que dit le président ». Une défiance envers les institutions qui s'explique par les difficultés rencontrées : « Ce n'est pas que dans la musique, en Tunisie il y a des obstacles partout. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester bloqués face à ces obstacles ».
Parler de la Palestine
Quand on parle d'obstacles, le rappeur palestinien Osloob sait de quoi il s'agit : « Les réfugiés palestiniens n'ont pas le droit de retourner en Palestine ». Issu d'un camp de réfugiés palestiniens au Liban, le rappeur aspire à la liberté d'expression à défaut de la liberté de mouvement : « Avec mon groupe, nous avons voulu parler de tous ces problèmes que vivent les réfugiés (…) On peut parler de tout mais dès qu'il s'agit de parler des milices ou d'un responsable politique, les choses deviennent beaucoup plus compliquées (…) Pour nous, Palestiniens, la chose la plus importante c'est de parler de la Palestine ».
F. Duhamel