Plus de 300 réfugiés d’Afrique de l’Est campent en plein Paris

 Plus de 300 réfugiés d’Afrique de l’Est campent en plein Paris

Venant majoritairement d’Afrique de l’Est


Des tentes alignées sous le métro aérien, des matelas à même le sol, des toilettes portables qui débordent le long du boulevard de la Chapelle. En plein Paris, plus de 300 personnes vivent dans un camp de migrants que la ville cherche aujourd'hui à résorber.


 


Un bidonville pour point d’arrivée du périlleux périple


Appuyés à la rambarde métallique qui délimite le terre-plein central, entre les stations Barbès et La Chapelle, une dizaine d'hommes discutent mollement. Ils se disent Soudanais, ne parlent pas français pour la plupart, et racontent avoir fui par la Libye et l'Italie, par cette meurtrière « route de la Méditerranée » qui a vu près de 1500 personnes périr en mer depuis le début de l'année.


« Je suis arrivé il y a dix jours, je n'ai pas pris de douche depuis », explique en anglais l'un d'entre eux, qui dit avoir fui le Darfour et refuse de donner son identité. L'homme montre les toilettes qui débordent d'urine au milieu des tentes, avec une odeur pestilentielle. « Comment voulez-vous vous sentir humain ici ? » De fait, les ordures qui jonchent le bitume où des hommes dorment, tout habillé, sur des matelas posés à même le sol, font davantage penser à un bidonville qu’à la capitale française.


 


Solidarité des riverains et des associations


« J'appelle cela un sous-camp. Quand le Haut Commissariat aux réfugiés s'occupe des camps, au moins il y a des normes », déplore Pierre Henry, le directeur général de France Terre d'Asile (FTA) qui organise régulièrement des « maraudes » pour informer les migrants sur la demande d'asile.


Riverains et associations peuvent bien aider en apportant nourriture ou vêtements — la situation ne se résoudra pas seule. Au Conseil de Paris, un vœu devrait être présenté d'ici jeudi par la mairie, préconisant que soient prises « toutes les mesures d’hébergement des occupants » pour permettre « la libération des lieux » — en clair : leur évacuation.


Car le campement menace de changer de nature. Il comptait une vingtaine de tentes à ses débuts, l'été dernier. Sa taille a doublé depuis un mois et demi, avec plus de 300 personnes aujourd'hui — Érythréens, Soudanais ou Somaliens —, dont des femmes et des enfants. Sur le campement se mêlent migrants en transit pour le nord de l'Europe, demandeurs d'asile, et même certaines personnes ayant obtenu ce précieux statut.


 


Des capacités d’accueil d’urgence saturées


Reste la difficulté du relogement si le camp est évacué. « C'est la question principale », reconnaît Éric Lejoindre, maire PS du XVIIIe arrondissement, alors que l'hébergement d'urgence est déjà saturé dans la capitale.


À la mairie de Paris, on insiste sur la nécessité d'offrir un hébergement à tous, qu'ils soient demandeurs d'asile ou non, aux termes de la « circulaire Valls » sur les évacuations de camps d'août 2012. Il ne faudrait pas en effet que les expulsés de La Chapelle aillent rejoindre l'autre campement de migrants, près de la gare d'Austerlitz. Mais, l'État est en train de boucler un plan d'hébergement, assure-t-on de source proche du dossier.


Rached Cherif