Perpignan : sur le point d’accoucher, l’hôpital lui demande de revenir dans deux jours

 Perpignan : sur le point d’accoucher, l’hôpital lui demande de revenir dans deux jours

Illustration / AMELIE-BENOIST / BSIP / AFP


Bien qu'un peu anxieuse, Emilie, 22 ans, avait le sourire aux lèvres, ce lundi 14 août au matin, en débarquant à l'hôpital de Perpignan dans les Pyrénées-Orientales (66). Pour la naissance de son premier enfant (c'est une fille), elle avait rendez-vous avec les sages-femmes à 9h afin de "déclencher son accouchement" comme le lui avait suggéré son gynécologue.


"Une fois sur place, on lui a demandé d'attendre un peu parce qu'il y a eu beaucoup de naissances ces jours-ci. A 11h, toujours rien. A 14h, on lui a dit juste de rentrer chez elle parce que ce n'était pas possible de la prendre aujourd'hui. Il n'y avait plus de lits disponibles", raconte hébétée Sonia, sa mère qui l'accompagnait. "On n'a pas été les seuls à qui on a demandé de revenir", embraie-t-elle.

 


Emilie est de nouveau convoquée ce mercredi à 10h. "Gamine, elle a été opérée du dos pour soigner une scoliose évolutive. On lui a placé une tige métallique. Du coup, sa grossesse est plus à risques que celles des autres femmes", continue Sonia.



Choquée, Emilie n'a pas protesté. Sonia a un peu râlé. "Je me suis retenu parce que je n'ai pas envie que les choses se passent mal lors de l'accouchement. On ne veut pas incriminer l'hôpital parce qu'on sait très bien que le personnel soignant n'y est pour rien", précise Sonia, rappelant qu'avec le "long week-end du 15 août, l'hôpital doit être en manque d'effectifs".



Françoise Fiter est élue départementale communiste dans les Pyrénées Orientales, spécialiste des questions de santé publique. Elle n'est pas étonnée de ce qui est arrivé à Emilie. "L'été, il y a beaucoup plus de monde dans notre région. Déjà, pendant la canicule il y a quelques semaines, les Urgences de Perpignan étaient surchargées. Les moyens attribués aux hôpitaux publics sont en baisse constante, poussant ceux qui ont les moyens à s'orienter vers les cliniques privées", pointe-t-elle. "Les autres doivent prendre leur mal en patience", regrette Françoise Fiter, qui craint que la "situation s'aggrave avec le gouvernement Macron".



Contacté, l'hôpital de Perpignan n'a pas souhaité faire de commentaires. 


Nadir Dendoune