Paris : la neige complique la vie des migrants sans abri

 Paris : la neige complique la vie des migrants sans abri

L’hiver parisien complique la vie des migrants de la capitale. (www.facebook.com/rose.lecat)


Une fois n’est pas coutume, la neige est tombée abondamment sur Paris et a recouvert la capitale d’un joli manteau blanc. La météo hivernale, qui fait la joie des petits et grands, complique la vie des sans-abris de la ville, dont beaucoup de migrants.


Au bord d'un canal parisien, Azam calfeutre les ouvertures de sa tente, en pestant contre la neige qui tombe depuis la veille sur le campement, essentiellement constitué d'Afghans comme lui. Les flocons recouvrent la soixantaine de tentes alignées des deux côtés du canal Saint-Martin, dans le nord de la capitale. À l'intérieur, les habits et chaussures sèchent mal. « Tout est mouillé », soupire Azam, en montrant ses tennis rangées dans un coin et la double épaisseur de chaussettes dont il s'est enveloppé les pieds.


En descendant le long des quais, les tentes s'égrènent, recouvertes de bâches pour certaines, de couvertures de survie pour d'autres. « Nous avons décompté 278 personnes le 2 février » autour du canal, dit Pierre Henry, directeur général de l'association France terre d'asile, en rappelant que cette zone « est historiquement un lieu de ralliement pour les migrants afghans ».


Dehors, des hommes emmitouflés dans des couvertures et des parkas se pressent autour d'une bouteille thermos amenée par une voisine, Ilhem, qui distribue des gobelets de thé et du pain. « Quand je suis sortie de chez moi ce matin, il faisait trop froid, je suis remontée pour préparer un petit-déjeuner. Je pensais qu'il y aurait du monde pour leur distribuer à manger, mais ce n'est pas le cas », explique-t-elle, dépitée de voir des gens dormir dehors à l'heure du plan grand froid déclenché par le gouvernement.


 



 


Dans l’attente d’un rendez-vous à l’OFPRA


Dans les bureaux des autorités régionales, on assure que « les maraudes ont été intensifiées » pour les migrants avec « plus d'orientations en centres d'hébergement et plus de créations de places » dédiées. Cela renforcera les deux maraudes hebdomadaires déjà organisées, qui ont permis de mettre à l'abri « 900 personnes en janvier ». Mais « on ne force personne », ajoute-t-on.


« Les réflexes peuvent être communautaires, si on ne prend pas l'ensemble du groupe, ils vont refuser », ajoute M. Henry, qui précise que « le campement a grossi depuis trois semaines ». Les tentes, comme les vêtements, ont été données par des associations ou des collectifs.


L'endroit est proche de la plateforme où sont distribués les précieux rendez-vous en préfecture pour une demande d'asile. En novembre 2016, il faisait partie de la zone où un campement de près de 4 000 personnes avait été évacué.


« Je n'ai pas froid. Je suis sportif, moi », explique Haman. Son voisin Ghoul, la veste de jogging largement ouverte sur son cou, approuve crânement : « en Afghanistan, on a de la neige jusqu'aux genoux ». Mais, il a hâte de partir. Installé depuis trois mois au bord du canal, il attend son rendez-vous à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) pour la fin février. « Ensuite, ils m'ont dit que j'aurai ma réponse en trois mois », dit-il.


Rached Cherif


(Avec AFP)


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