Le « petit » parcours du combattant d’Hind pour envoyer de l’argent en Palestine
Il y a quelques mois, Hind, jeune trentenaire, se rend pour la première fois en Palestine. "Depuis que je suis revenue, il n’y a pas un jour où je ne pense à ce que j’ai vu ou entendu là-bas", raconte-t-elle, la voix toujours remplie d’émotion. Elle se souvient notamment d’une "visite" dans un camp de réfugiés à Naplouse, au nord de la Cisjordanie occupée. "Sur place, on a rencontré les responsables d’un centre qui font un boulot admirable à destination des jeunes et forcément ça m’a parlé", explique celle qui travaille comme éducatrice en banlieue parisienne.
Pour ne pas rester là à rien faire, elle décide alors de lancer une collecte pour venir en aide à ce centre "qui ne reçoit quasiment plus d’aides extérieures".
En quelques semaines, Hind arrive à récolter 2800 euros, un exploit puisqu'elle ne demande de l'argent qu'à ses amis. "Je ne voulais pas lancer une collecte sur les réseaux sociaux parce que je voulais être discrète pour les personnes qui pouvaient en bénéficier", se justifie-t-elle. "C'était également une manière de préserver leur dignité, surtout que je suis amis avec certains d'entre eux sur Facebook", continue la jeune femme. Jusqu’ici donc, tout va bien.
Les choses se compliquent pour elle le lundi 13 juillet quand elle se rend au Western Union de sa ville, à Aulnay Sous Bois (93) pour envoyer l’argent en Palestine. Elle est loin d’imaginer la suite. "L'homme au guichet avait beau chercher la Palestine dans sa liste de pays mais il ne la trouvait pas", relate dépitée Hind.
Ce que vit la jeune femme suscite alors les réactions d’autres clients, scandalisés eux aussi, "par l’inexistence de la Palestine". "Tout le monde s'est mis alors à chercher des mots pour tenter de retrouver les traces de la Palestine", se souvient Hind. "Quelqu'un a proposé Cisjordanie, moi West Bank, puis Ramallah mais au final, rien n'est sorti", déplore la trentenaire. "Évidemment, il n'y avait qu'Israël qui existait".
"L’employé, de bonne volonté au demeurant, était gêné. Il était triste également de ne pas pouvoir m’aider", explique encore Hind. Ce même agent, curieux de connaître "la vie en Palestine". "Je leur ai expliqué certaines choses qu'ils ignoraient. L'échange était intéressant", avoue-t-elle.
Nous avons essayé de joindre les responsables de Western Union. En vain.
"Avec cette mésaventure, j’ai encore plus pensé aux galères des Palestiniens, aux obstacles qu'ils vivent au quotidien", lâche Hind. "Même leur pays n'est pas reconnu", peste-t-elle. La jeune femme est tout de même contente de voir que "cette situation ait pu en indigner certains". "Ça donne un peu d'espoir. On se sent moins seule", sourit Hind.
Elle compte se rendre désormais à la Poste où elle espère "avoir plus de chance", même si il paraît "que les taxes pour envoyer de l'argent à l'étranger y sont plus élevées".
Nadir Dendoune