« 3000 nuits », la réalité des prisonnières politiques palestiniennes
En premiers jours de 2017, le cinéma palestinien sera présent dans les salles obscures françaises avec le dernier film de Mai Masri, « 3000 nuits ». Traitant d’une histoire vraie et d’un sujet passionnant, en l’occurrence, les prisonnières politiques palestiniennes dans les prisons israéliennes, ce long-métrage, qui a suscité une certaine polémique en France l’an passé, sera bel et bien sur les écrans dès le 4 janvier.
Ancré dans la réalité
« Ce qui m’a inspirée pour le film 3000 nuits, c’est la vie d’une Palestinienne que j’ai rencontrée, qui était détenue dans une prison israélienne au moment où elle a mis au monde un garçon. J’ai trouvé son histoire profondément humaine et touchante et j‘ai décidé de rencontrer d’autres mères qui ont accouché en prison » explique Mai Masri. La réalisatrice palestinienne trouvait ainsi l’inspiration pour son premier long-métrage depuis « 33 minutes » en 2007.
« 3000 nuits » est un film ancré dans la réalité, la dure réalité palestinienne. Ainsi Mai Masri confie que la plupart des membres de l’équipe du film « ont fait de la prison ou
ont eu un membre de leur famille en prison (Près de 20% des Palestiniens ont été détenus dans des prisons israéliennes à un moment ou à un autre) ». Un fait qui a servi le jeu des acteurs et la restitution de la vie en prison. De plus, le film a été tourné dans une ancienne prison à Zarka (Jordanie), permettant aux acteurs de réellement s’immerger dans l’univers carcéral.
Un sujet qui dérange ?
Alors qu’il devait être projeté le 2 juin dernier, à Argenteuil, dans le cadre du festival Ciné-Palestine, la mairie a décidé de déprogrammer « 3000 nuits ». Une décision qu’aussi bien, les organisateurs du festival que les producteurs et distributeurs du film, ont vivement critiqué à l’époque : « Nous estimons “qu’en ces temps troublés” – selon les propres mots du maire d’ Argenteuil-, il est plus que jamais nécessaire de dénoncer ces pratiques, de soutenir toutes celles et ceux qui refusent, à Argenteuil et ailleurs, que ces droits fondamentaux soient piétinés, de soutenir la liberté d’expression et de création et le cinéma en tant que fenêtre sur la pluralité des regards sur le monde ».
Malgré cette polémique, ce que retiendra surtout Mai Masri de cette année, pour son film et le cinéma palestinien, c’est son rayonnement grandissant et l’image donnée de la Palestine : « Ne serait-ce que cette année, des films palestiniens ont concouru en compétitions officielles dans les plus grands festivals (Cannes, Toronto, Berlin, etc.). Le cinéma palestinien a aidé à placer la Palestine sur la carte mondiale d’un point de vue humanitaire et de rapprocher cette cause du coeur et de l’esprit de beaucoup de personnes dans le monde entier ».
« 3000 nuits » sera projeté en avant-première ce soir (2 janvier), à l’UGC Ciné Cité les Halles (Paris), en présence de la réalisatrice Mai Masri. Sortie nationale le 4 janvier.
CH. Célinain