Note de lecture – Le soufisme, antidote au terrorisme ?

 Note de lecture – Le soufisme, antidote au terrorisme ?

Maroc. Un membre de la confrérie Tijanya se recueille devant le tombeau du fondateur Cheikh Ahmed Tidjane Chérif


 


« Qui ne sait pas d’où il vient ne saura pas où il va », l’intérêt de l’ouvrage "Des confréries soufies à l’Islam de France" de Mohamed Sadoun réside justement dans le fait que l’auteur revisite l’histoire des confréries soufies installées en Algérie à l’époque coloniale, s’intéressant notamment à la gestion du champ religieux par la métropole pour s’ouvrir sur la France d’aujourd’hui et l’épineuse question du jihadisme, ce cancer salafiste. 


 


Document essentiel, la carte des confréries établie en 1884 par Louis Rinn, chef du service des Affaires indigènes en Algérie, va permettre à l’auteur de retracer l’histoire des confréries, leur rôle politique et militaire.


Louis Rinn, officier des bureaux arabes et érudit arabophone, est l’un des principaux acteurs de cette rencontre inaugurale entre l’islam et la République française. Les confréries soufies ont été le fer de lance des résistances populaires à l’expansion coloniale en Algérie durant le XIXe siècle.


L’auteur fait remarquer à juste titre que «  si l’islam de France a raté son rendez-vous, avec la loi de 1905, ce n’est pas forcément pour les raisons invoquées aujourd’hui d’impossibilité de séparation du temporel et du spirituel censées caractériser cette religion mais bien du fait d’une volonté politique claire. L’Islam n’a jamais été traité comme une religion, mais comme un objet politique susceptible de constituer le levain d’une révolte de grande ampleur. Il continue de l’être dès que l’intérêt électoral le commande ».


Si la partie historique n’est pas dénuée d’intérêt, c’est la dernière partie, malheureusement très succincte qui interpelle le plus, en raison de l’actualité brûlante du rôle que peuvent jouer les confréries dans le combat contre l’extrémisme religieux que mènent tous les pays à l’ombre du terrorisme planétaire. 


L’auteur conclut son ouvrage sur la place que les confréries soufies « sont amenées à jouer encore aujourd’hui dans des sociétés musulmanes toujours à la recherche du point d’équilibre entre l’islam mystique et l’islam de la norme, et fournit des clés de compréhension sur la relation toujours en construction entre la République française et l’islam ».


Abdellati El Azizi