Nadia Oudjoudi : « Derrière les difficultés scolaires, se cachent souvent d’autres difficultés »

 Nadia Oudjoudi : « Derrière les difficultés scolaires, se cachent souvent d’autres difficultés »

Nadia Oudjoudi


 


Saint-Ouen fait souvent la Une des medias pour parler de drogue. De nombreux habitants se battent pour mettre en valeur une meilleure image de leur ville. Nadia Oudjoudi est de ceux-là. Elle est la présidente de l’Apéee, l’Association de parents d’élèves engagés pour l’éducation.


 


Elle s’est illustrée, il y a deux ans, en interpellant Manuel Valls lors d’une visite que le ministre effectuait à Saint-Ouen pour lui « dire haut et fort que l’école sera essentielle pour éviter aux jeunes de tomber dans le trafic de drogue ». Interview.


 


LCDL : Avez-vous été touché par la « mauvaise publicité » qui frappe la ville ce Saint-Ouen ces derniers mois ?



Nadia Oudjoudi : Bien sûr. Cela nous touche parce que tout le monde ne parle que de ça. Je vis à Saint-Ouen depuis l’âge de 6 ans. La drogue a toujours existé. Ce n’est pas nouveau. Aujourd’hui, c’est beaucoup médiatisé parce que de plus en plus de jeunes tombent dedans. Je préfère parler de l’engagement citoyen de tous les habitants au sein des associations qui œuvrent tous les jours, qui donnent de leur temps, après le boulot et le week-end, pour faire de la prévention, pour parler avec ces jeunes, pour les dissuader.


 


Alors avec votre association, que faîtes-vous au quotidien pour ces jeunes ?


Nous venons les chercher directement après l’école, nous les emmenons au local de l’Apéee, pour les aider à faire leur devoir, par exemple. Pendant les vacances scolaires, les parents n’ont pas toujours les moyens d’envoyer les enfants en vacances. Il y a 40% de familles monoparentales à Saint-Ouen, c’est plus que la moyenne départementale. Nous proposons des sorties pour les enfants, ainsi que pour les parents isolés.


Au départ, nous avons vu qu’il y avait des difficultés de communication entre certaines familles et l’école. Nous soutenons ces familles par un accompagnement au quotidien, dans leurs démarches administratives par exemple, puis pour encadrer les enfants lors des sorties scolaires. Assez rapidement, les enseignants se sont tournés vers nous, tout comme la ville de Saint-Ouen qui nous a demandé de mettre en place de l’accompagnement scolaire.


Nous avons formé une équipe composée de retraités, d’habitants et d’étudiants diplômés. On s’est vite aperçu que derrière les difficultés scolaires se cachent souvent d’autres difficultés. Nous avons ensuite mis en place une permanence d’écrivains publics bénévoles. Les choses se sont ensuite enchaînées naturellement.


Il est par exemple important pour nous aujourd’hui de favoriser l’accès à la culture pour tous. Aujourd’hui, notre champ d’intervention est très large ! Nous voulons créer du lien, faire de la prévention, et faire passer des messages le plus tôt possible : grâce aux études, on peut s’en sortir dans la vie. Nous avons des étudiants qui ont fait Sciences Po et, ce que j’apprécie, c’est qu’ils ne nous oublient pas et qu’ils viennent au local toutes les semaines !


 


Rencontrez-vous des difficultés en termes de subventions ?


Les institutions nous aident. Il a fallu pendant des années vendre des gâteaux devant les écoles pour faire partir les enfants en classe de neige ou en classe verte. Mais aujourd’hui, nous sommes soutenus. La CAF est un de nos partenaires privilégiés. 


 


Propos recueillis par Chloé Juhel


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