« Mother Border », concert documentaire d’une odyssée de migrants
Quand la Méditerranée devient le symbole d'une barrière quasi infranchissable à moins de risques inconsidérés ou plutôt sidérants. Pour rendre compte de cette réalité, le collectif nantais Etrange Miroir, créé en 2011, utilise différentes formes artistiques. C'est dans le cadre de l'exposition « Frontières », au musée de l'histoire de l'immigration (Paris 12e), que le collectif présente sa dernière création, « Mother Border », un spectacle en forme de road movie documentaire d'une rive à l'autre de la Méditerranée.
Odyssée
De la Tunisie à Nantes, en passant par Lampedusa, Rome, Vintimiglia, Paris… un parcours de migrants, une véritable odyssée vécu par de jeunes Tunisiens après la révolution, et relaté dans cette création artistique « Mother Border ». Une création de Marie Arlais et Raphaël Rialland, associant une projection, mêlant photos, vidéos, ambiances sonores, à une représentation en direct de trois musiciens et d'une lectrice. Une façon des plus innovantes de constater ce qui est manifeste depuis bien longtemps : ce qui sépare les deux jeunesses des deux rives, c'est bien plus qu'un espace maritime…
« En réalisant ce travail nous avons eu envie de nous positionner comme témoins, témoins d'une réalité insoutenable qui questionne, que nous avons tenté d'éclairer, en faisant appel à l'expertise d'acteurs du terrain (Claire Rodier de Migreurop, Riwanon Quéré, intervenante juridique en centre de rétention et Mouhieddine Cherbib, membre du comité des droits de l'homme de Tunisie) » explique le collectif.
Un autre regard
Et le collectif Etrange Miroir n'en est pas à son premier coup d'essai. Déjà, fin 2015, le collectif avait signé une exposition interactive, « Moving Beyond Borders », dans ce qui est devenu un lieu symbolique de la lutte pour un meilleur accueil des migrants, Calais. Raphaël Rialland, scénographe de l'exposition, confiait à l'époque : « Nous nous engageons à travers notre travail, mais ce que nous souhaitons surtout c'est qu'il y ait un renouvellement des regards sur la situation vécues par les migrants ou sur la migration en général ».
Pour changer les regards, le collectif Etrange Miroir change la façon de faire passer le message, quitte à refléter une image de notre société n'étant pas des plus tendres avec ces populations cherchant juste de meilleurs lendemains.
F. Duhamel
« Mother Border », du collectif Etrange Miroir. Vendredi 15 janvier, 20h, au Musée de l'Histoire de l'Immigration, 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris.