Mosquée de Mantes-la-Ville : deuxième round judiciaire entre le maire FN et le préfet
Le maire de Mantes-la-Ville, seul édile Front national (FN) d'Île-de-France, défend de nouveau lundi devant la cour administrative d'appel de Versailles son projet de commissariat de police municipale qu'il veut installer à l'emplacement d'une future mosquée.
Le préfet s’oppose à un « détournement de pouvoir »
Le 20 août, le tribunal administratif de Versailles, saisi en référé (procédure d'urgence), a suspendu la décision du maire frontiste Cyril Nauth de préempter un local devant accueillir une salle de prière musulmane. Le juge des référés a également suspendu une délibération municipale actant une étude pour un projet de commissariat.
Le juge donnait ainsi raison au préfet des Yvelines d'alors, Erard Corbin de Mangoux (depuis remplacé par Serge Morvan), qui avait attaqué les deux décisions entachées selon lui d'un "détournement de pouvoir", visant à bloquer le projet de lieu de culte. Le maire frontiste, arguant au contraire du caractère d'« intérêt général » de son projet, a fait appel de l'ordonnance du juge devant la cour administrative d'appel (CAA) de Versailles.
Commissariat contre mosquée
L'association des musulmans de Mantes-sud (AMMS), qui représente la communauté musulmane, a réuni 600 000 euros pour racheter les locaux inoccupés de l'ancienne trésorerie municipale, un local inoccupé de 500 m², et y aménager une salle de prière, alors que l'actuel lieu de culte, un pavillon vétuste, doit être démoli. À la place, le maire a officialisé au printemps son intention de transférer dans le même local le poste de police municipale actuel – un pavillon de 90 m² – dont il dit vouloir renforcer les effectifs, l'une de ses promesses électorales.
Fin 2013, la municipalité PS qui soutenait le projet décide de racheter les lieux à la communauté d'agglomération de Mantes-en-Yvelines (Camy) pour les revendre à l'AMMS. Mais le projet s'effrite avec l'arrivée en mars 2014 du maire FN qui bloque la vente dénoncée comme « une opération électoraliste ». Devant l'impasse, le préfet s'était emparé du dossier en suggérant à la Camy de vendre directement le local à l'association. La décision du juge des référés de la CAA devrait être rendue dans les prochains jours.
En septembre déjà, l’AMMS et le maire d’extrême droite s’étaient opposés sur la question de la mise à disposition d’un local à l’occasion de la fête de l’Aid. Devant le silence de M. Nauth, valant refus implicite, l’association avait saisi la justice. Le Conseil d’État a finalement ordonné au maire de prêter une salle pour les besoins des fidèles.
Rached Cherif
(Avec AFP)